Cette semaine, j'ai essayé une Yamaha XJ 900 de 1989. Je vous explique pourquoi cette moto est importante.

Si c'est probablement la Tracer 900 (voire le Niken !) qui a repris ce rôle, il faut savoir que la grande routière un peu dynamique, ça a été une longue tradition chez Yamaha ; XS 1100, XJ 900, FJ 1100 et FJ 1200, ceux qui aimaient les gros quatre cylindres pour tailler la route ont pu s'en donner à cœur joie. Au sein de cette généalogie, la XJ 900 tient une place à part... 

Yamaha XJ 900 : sa vie, son œuvre

La 900 XJ a eu une longue carrière en France puisqu'elle a été commercialisée de 1983 à 1993, la 900 Diversion (qui est globalement la même chose un brin modernisée) prenant le relais en 1994. Il existe trois grandes générations de XJ 900 : la première (type 31A) cube en réalité 853 cm3, et on la reconnait à sa petite tête de fourche ronde posé sur le phare. La tenue de route est alors un tantinet critiquée et en novembre 84, Yamaha fixe la tête de fourche sur le cadre et le moteur monte à 891 cm3 (type 58L). Les carburateurs passent aussi de 35 à 36 mm, et la finition change, avec des repose-pieds, sélecteurs et pédale de frein qui ne sont plus en aluminium mais en acier, tandis qu'un sabot moteur fait aussi son apparition. En 1990, le type Mines passe à 4BB1 et avec les normes anti-pollution, les performances et la générosité du moteur commencent à s'édulcorer un peu (échappements et gicleurs plus petits). 

Yamaha XJ 900 : trois choses qui m'ont fait kiffer

La XJ 900, c'est la bonne tâcheronne serviable, fidèle et infatiguable. Aussi discrète que sans histoire. Pourtant, à son guidon, il se passe quelque chose. En voici trois qui m'ont fait kiffer : 

  1. L'agilité : ça, une 900 ? Par rapport à une Honda 900 Bol d'Or qui la précède de quelques années, la XJ 900, pourtant pas un poids plume sur la balance, se conduit comme une grosse mobylette. Pneus étroits (un modeste 120 à l'arrière), position de conduite neutre, commandes douces. Voici une moto à taille humaine, évidente à prendre en mains. 
  2. Le moteur, pourtant de conception ancienne, est une vraie bonne pâte et il offre une réponse à tous les usages. Capable de tenir 1500 tr/mn en cinquième sur un filet de gaz, il délivre déjà un joli petit couple vers 3000 tr/mn, tient le 160 à 6000 tr/mn en cinquième des journées entières, tandis que des tests ont montré qu'une FJ 1100 ne le distance pas vraiment en reprises.
  3. Le confort : selle épaisse, suspensions assez souples, cardan plutôt discret à l'usage, équipement complet (certes, le design du tableau de bord fait kitsch à souhait), il ne lui manque qu'une bulle un peu plus haute pour frôler le sans-faute. 

Une Yamaha XJ 900 aujourd'hui : combien, comment ?

La Yamaha XJ 900, c'est un peu la Volvo 240 de la moto. C'est pas super sexy, mais ça a un certain charme. Mais surtout, c'est increvable, sauf qu'au bout d'un moment, les kilomètres s'ajoutant à un entretien qui s'espace de plus en plus, toutes celles qui restent sont un peu au bout du rouleau. Du coup, on en trouve à moins de 1000 €, mais faudra bosser dessus. Une belle machine bien conservée et pas trop usée vaudra à peine plus de 2000 €. Parmi les quelques faiblesses recensées, on note le patin de chaine d'alternateur qui avait tendance à casser, le réservoir qui s'oxyde à la longue, la roue libre de démarreur qui fait des siennes, les bobines d'allumage qui n'aiment pas l'humidité. L'échappement d'origine est peu résistant et comme un échappement standard vaut 900 €, on fera attention... Enfin, les pièces d'habillage sont difficiles à trouver (mais on se console avec d'autres pièces communes à de nombreuses Yamaha : étriers de freins de 350 RDLC et de FJ 1100, levier de frein de TZR 125 ou de SRX 600, rétros de XJ 600...). Dernier point : avec les vibrations, les attaches du carénage peuvent casser et la rouille peut attaquer le cadre... 

Quelques chiffres clé : 

  • 4 cylindres, en ligne, 891 cm3, 68,5 x 60,5 mm
  • 4 carburateurs Mikuni, 36 mm
  • 98 ch à 9000 tr/mn
  • 85 Nm à 7000 tr/mn
  • 219 kilos à sec
  • 210 km/h chrono