La moto de la semaine : Yamaha 600 Ténéré

Actualité du 19/02/2020 par Philippe GUILLAUME
 

Cette semaine, j'ai essayé une Yamaha 600 Ténéré de 1989. Je vous explique pourquoi cette moto est importante.

Il y a trente ans, Cyril Neveu, Hubert Auriol, Gaston Rahier... et les autres étaient de véritables héros. Aujourd'hui, il est fort à parier que Toby Price, Ricky Brabec, Sam Sunderland et bien d'autres auraient toutes les chances de passer inaperçus en déambulant dans un salon de la moto, aux puces de Péquencourt ou dans les paddocks du GP de France du Mans. Pouvons-nous dire qu'en fait, à de rares exceptions, aujourd'hui, le Dakar, tout le monde s'en fout alors qu'à ses débuts, la course africaine passionnait les foules ?

Autre point d'importance : à l'époque, les pilotes couraient le Dakar sur des motos "proches" de la série et le motard lambda pouvait s'identifier, d'autant que les tarifs d'assurance de ces motos "vertes" étaient avantageux. 

Morale de l'histoire : les gammes des constructeurs étaient alors pléthoriques, le choix en matière de trails n'avait jamais été aussi fourni et certaines sont devenues des icônes du genre. C'est le cas de la Yamaha Ténéré qui, ironie du sort, n'a pourtant jamais gagné le Dakar ! En effet, si la XT 500 a remporté les deux épreuves du Dakar (1979 et 80 avec Cyril Neveu), Yamaha devra attendre le début des années 90 pour gagner à nouveau (avec 7 victoires en 8 ans, à partir de 1991, sur les Super Ténéré bicylindres). 

Yamaha 600 Ténéré : sa vie, son œuvre

La première Yamaha 600 Ténéré sort en 1984 : elle a 44 chevaux, 30 litres d'essence dans le réservoir (ça, ça faisait rêver !) et démarre encore au kick. C'est le type 34L. Le type 1VJ lui succède en 1986 : la puissance grimpe à 46 ch, un filtre à air plus généreux fait descendre la capacité d'essence à 23 litres dans le réservoir, et elle dispose enfin d'un démarreur électrique. Elle restera deux ans au catalogue, avant que la version 3AJ, celle de notre modèle d'essai, débarque en 1988. Elle apporte de sérieuses modifications au genre Ténéré : carénage intégral, éclairage double optique; frein arrière à disque, disparition du kick. La boîte de vitesses est renforcée, le moteur est mieux refroidi. Elle ne connaîtra pas d'évolutions avant de céder la main à la 660 à cinq soupapes et refroidissement liquide en 1991 : plus lourde, plus routière, elle marque un peu le déclin du trail sympa, simple et réellement polyvalent. En plus, avec son optique carrée et le bas de son carénage un peu anguleux, elle était assez moche. 

Yamaha 600 Ténéré : trois choses qui m'ont fait kiffer

Elle sent bon le sable chaud, cette Ténéré 600 : coloris historique "Yamaha", posture altière, carénage généreux, elle évoque des souvenirs de jeunesse - à l'époque où votre serviteur roulait en 125 DTLC et rêvait justement d'une Ténéré... Voici donc trois choses qui m'ont fait kiffer lors de cet essai :

  1. Le look : bah oui, une moto, c'est déjà de l'émotion avant même de la démarrer chaque matin. Elle est haute, elle est grosse, elle est kitsch cette machine, et je la kiffe. Entre les soufflets de fourche jaune et l'inscription "monocross" sur le bras oscillant de la même couleur, on est déjà dans l'ambiance. Une Ténéré, ça vous vend du rêve, des voyages, des grands espaces, même quand on la démarre pour aller sur le chemin du boulot. 
  2. Le confort : là, y'a pas vol. La selle est super épaisse, la position de conduite bien droite, avec de l'espace pour les jambes et pour les bras. La bulle pourrait protéger un peu mieux, mais ça dévie quand même le vent sur le haut du casque et un peu les épaules. Bref, avec les suspensions un peu molles, on est bien sur cette moto ! 
  3. Les aptitudes routières : le moteur n'est pas un foudre de guerre et, en réalité, en sensations comme en puissance, il est presque décevant. Les suspensions manquent de rigueur, le freinage est un peu mou. Rien d'excitant, alors ? Eh bien si, car en enroulant tranquillement, on se rend compte que l'on n'a qu'une envie, c'est de traverser la France par les petites routes. L'instrumentation est lisible, on est bien, on a 400 km d'autonomie. Quelle que soit la qualité du bitume, on sera bien. C'est ça, l'esprit du vrai trail à l'ancienne... 

Une Yamaha 600 Ténéré aujourd'hui : combien, comment ?

Pendant longtemps, les trails monos ne valaient plus grand chose et nombreux sont ceux qui ont fini dans une ferme, comme engin de labeur ou comme jouet pour rouler en tout-terrain. Comme ça ne valait pas grand chose, elle se sont dégradées et nombreux sont les modèles dans un sale état. En trouver une nickel sera donc une mission difficile. La rareté et le côté mythique font monter la cote : si une épave vaut moins de 1000 €, un bel exemplaire tournera autour des 3000 €, tandis qu'une machine exceptionnelle (notre moto d'essai, avec 15000 km au compteur) pourra s'afficher à 4000 €. 

Avec beaucoup de soins, une Ténéré peut afficher un gros kilométrage, mais le défaut d'entretien sera fatal. La distribution peut donner des signes de faiblesse aux environs de 40 000 km ; la rouille peut faire des ravages, les échappements adaptables ou vidés sont préjudiciables à une longue vie du moteur, les rayons de roue sont connus pour prendre du jeu avec le temps... 

Quelques chiffres clé : 

  • monocylindre,  4-temps, 595 cm3, 95 x 84 mm
  • 2 carburateurs Mikuni, 27 mm
  • 46 ch à 6800 tr/mn 
  • 53 Nm à 5500 tr/mn 
  • 165 kilos à sec
  • 160 km/h chrono 

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