L’apparition du bikini fut une révolution sur les plages du monde entier... Tous les hommes vous le diront ! La première moto équipée d’un bikini a eu exactement le même impact : première Japonaise à adopter une tête de fourche de série, la Suzuki GS 1000 S ne sera pas seulement la première "superbike replica" des catalogues moto, mais elle sera aussi la première à opter pour un petit carénage ! Un look qui va fondamentalement marquer l’univers motocycliste.

Spécialiste du 2 temps ....et pourtant !

Surprenant tout le monde motocycliste, Suzuki présente en 1977 au 64e salon de la porte de Versailles un prototype 4-cylindres 4-temps : la GS 1000. La firme, qui avait failli passer à la trappe suite à la couteuse aventure du Rotary (moteur rotatif Wankel) fut la dernière des 4 Japonaises à entrer dans la danse des multicylindres 4-temps avec la GS 750 qui fut une véritable réussite. La GS 1000 s’annonce donc comme basée sur la GS 750, la 7 et demie la plus légère du moment, dotée d’un moteur remarquable et d’un comportement dynamique d’excellent niveau.

Suzuki a donc cherché à conserver les atouts de la petite GS en concevant la 1000. Un allongement de la course et un suralésage amènent la cylindrée à 997 cm3. Le moteur de la 1000 est même plus léger que celui de la 750 !  5 vitesses, un cadre en acier tubulaire, les similitudes sont multiples entre les 2 GS, et comme la 750, la 1000 s’avère coupleuse, facile à conduire, vive. Selon les pays et leurs normes antipollution, la 1000 développe de 83 à 90 ch ! Sans doute la meilleure 1000 de son époque.

FIn des années 1970, la fédé US, l'AMA, crée un championnat Superbike utilisant les gros 4-temps de route. Yoshimura modifie une GS 1000 E et Wes Cooley s'illustre avec le titre. Suzuki décide alors d'exploiter ces résultats en commercialisant une version sportive civile : la S. C’est la première machine japonaise qui reçoit d'origine le montage d’une petite tête de fourche. Une ligne sympa, mais surtout toute l’aura des victoires du Californien Wes Cooley et de la préparation Yoshimura !

Les fabuleuses Superbikes US

Basée sur la GS 1000 E, la S première génération arrive en 79. Plus d’amortisseurs pneumatiques, jante arrière de 18 au lieu de 17 et assistance à air de la fourche. Elle respire la sportivité en étant visuellement directement issue de la version course et de son numéro 34 ! Elle reçoit des carbus de 28 mm.  Sa grande innovation fut le petit carénage monté de série. Son surnom de bikini viendra de la taille réduite de ce carénage, comme l'était celle des maillots de bain !  Ses 2 petits spoilers sont aussi censés apporter de la stabilité. Cela lui donne un look unique. Cooley remporte les championnats 1979 et 1980, ce qui assoit le succès et l'image racing de la GS S.
 
La GS 1000 S fut produite 2 ans, celle que nous essayons est une version 1980/81 :  la GS 1000 S(T). Par rapport au premier millésime, la décoration est modifiée (le bleu remplace le blanc et inversement), elle a perdu son instrumentation spécifique (plus de montre par exemple), mais a gagné une selle creusée et quelques chevaux supplémentaires avec une rampe de carbu plus grosse avec un diamètre de 30 mm et des arbres à cames plus pointus. Elle atteint les 96 chevaux ! Et à son guidon, vous vous imaginerez facilement à l’aspi de Lawson et de Spencer !
La GS 1000 S aura gagné l’épreuve Superbike de Daytona chaque année entre 1978 et 1980. De quoi lui bâtir une réputation à la hauteur de sa bonne bouille... Celle de Cooley à l’attaque sur la GS avec sa tête de fourche caractéristique aura en tout cas marqué les amateurs de grosse attaque !

Des muscles et des bras

Devant vos yeux une bulle transparente large et haute. Que cette tête de fourche est protectrice ! Aujourd'hui ce serait une moto de Grand Tourisme... Vous vous installez au creux de la selle, les reins posés contre le renflement de la selle passager. Le guidon est proche du cintre plat, et vous avancez votre buste pour le saisir. Le starter est sur le coté gauche de la rampe de carbus. Un geste oublié... 

Pour celui qui découvre les  4-cylindres " old school", l'inertie surprend. La rondeur aussi. Puis la poussée est remarquable. Chaque tour/minute apporte son lot d'accélérations avec force. Tout à l'opposé des moteurs actuels qui moulinent presque dans le vide semble-t-il.  La GS 1000 S est réjouissante : une grosse poussée ronde et vigoureuse depuis les mi-régimes jusqu'en haut du compte-tours. Un moteur qui envoie vraiment.

La génération de moteur Suzuki 8 soupapes équipant  la GS 1000 est un bloc à la solidité sans failles. Pas étonnant que cette base serve aujourd'hui à la majorité des motos engagées dans le championnat d'endurance classique. A fond, la GS S dépasse les 220 compteur, si la tête de fourche vous protège jusqu'à 150, il engendre des louvoiements (il est solidaire de la fourche)  à causes de phénomènes aérodynamiques retransmis à la direction. Evidemment, avec 238 kg à sec, l'équipage n'est pas un poids plume et au premier virage à l'horizon un soupçon d'angoisse survient... Le levier de frein non réglable est vite en butée car la vitesse atteinte par la GS S est considérable et la morsure des étriers simple piston assez faible même sur cette version de 1980 avec les disques percés empruntés à la GSX 1100. Il faut user de sa musculature et tirer fort ! Le disque arrière est presque plus puissant que le double disque antérieur.

Après avoir sué de craintes au freinage, vous allez suer d'efforts à l'inscription. Le petit guidon plat placé en avant et la masse de la moto vous imposent un certain effort pour atteindre le point de corde. Une bonne raison de déhancher facon Wes Cooley ! Immédiatement, vous tordez la poignée de droite pour profiter de l'accélération, mais la partie cycle n’est pas exemple de mouvements, même en jouant avec les multiples réglages des amortisseurs et de la pression d’air dans la fourche.

Cela pour dire qu’on a vite fait d’en faire trop à son guidon car le look Superbike de la GS 1000 S et son potentiel moteur vous font vite perdre le sens de la retenue ! En fait, sans vous en rendre compte, vous basculez de suite dans le pilotage agressif plus que dans la conduite. C'est un superbe compliment à adresser à cette moto au pedigree sportif car c'est sans doute un effet inconscient du look qui vous fait devenir pilote de Superbike. 


Polyvalente.

N'oublions pas que la S dérive directement de la E, considérée comme LA meilleure 1000 de sa génération. La S est donc AUSSI une bonne machine de tourisme, sans aucun doute ! La recherche de la performance maxi va déplacer la zone de puissance et la S perd un peu de la légendaire souplesse de la E. Pas grave, c'est une machine exclusive ! Mais elle reste parfaitement polyvalente. La S dispose d'une roue arrière au diamètre supérieur (pour pouvoir étendre le choix des gommes) de 18 pouces et l'avant est passé à 19 pour augmenter la maniabilité. Avec ses pneus fins, elle est agile tant que l'inertie de l'ensemble ne vous emmène pas comme cela arrive à rythme élevé.

Si vous réduisez le rythme et que vous enroulez (même vite), la GS 1000S est un gros roadster facile à utiliser, certes un rien pesant, mais capable de partir en duo où vous voulez, avec armes et bagages. Fiable, solide, disponible, puissante, elle ouvre la porte à cette génération de Youngtimers (comme disent les Parisiens branchés) au look ancien et à la technologie déjà modernisée.


A quoi tiennent les fantasmes ?

Avec cette esthétique imbattable, la GS 1000 S égayera chacune de vos rencontres. Qu'importe si son moteur est un micro-poil moins souple que celui de la E (et encore pour le savoir il vous faudrait essayer la E !), qu'importe si son châssis bouge à haute vitesse, qu'importe si vous devez tirer fort sur le levier de frein. La GS 1000 S est une machine à l'image de la course, et si son comportement est un peu exigeant (au bon sens du terme), c'est parfait pour coller à l'identité revendiquée ! Une machine rare, bourrée de caractère qui se différencie vraiment du reste de la production de ses contemporaines. Que demander de plus ? Ah ! le charme des filles en bikini...

Les plus
  • Look Superbike US
  • Rareté
  • Force du moteur
Les moins
  • Chassis lourd à emmener
  • Freinage à poigne
Équipement
  • Tete de fourche
  • Livrée blanc bleu look team Officiel !
  • Fourche à air
  • Amortisseurs réglables
Vidéo: