Le soleil radieux qui a réchauffé les Bikers’Classics a été symbolique de l’événement. Ce week-end, les spectateurs ont non seulement pu profiter de trois jours de ciel bleu, mais aussi d’une organisation plus qu’impeccable sur le mythique circuit de Spa-Francorchamps.

Le classic fait succès

« Pour le moment, nous ne connaissons pas encore le nombre exact de personnes présentes à cette 11e édition, mais c’est certainement la meilleure année que nous ayions jamais eue » déclarait Olivier Aerts, responsable communication de DG Sport. « Cela s’est ressenti également au niveau de l’atmosphère, incroyablement détendue tant du côté des spectateurs que des participants. Cela s’est ressenti aussi du côté de l’organisation !»

Les commentaires dithyrambiques de Wayne Gardner sonnaient comme une douce musique aux oreilles d’Olivier Aerts.« Ce fut un événement merveilleux, sourit le champion du monde 500cc de 1987. Tout s’est bien déroulé et les acclamations de la foule m’ont particulièrement réjoui.»

On peut remarquer que le succès des opérations classiques ne se dément pas, la Sunday Ride Classic a battu son record de fréquentation au Paul Ricard,  le Bikers également à Spa, les Coupes Moto Légende se portent à merveille, la classique est, sans doute, la plus forte expression de la passion de la moto actuellement !

3 décennies de vainqueurs

Cette année à Spa-Francorchamps, à l’occasion de la parade réservée aux GP 500, les Bikers’Classics accueillaient trois vainqueurs du Grand Prix de Belgique de trois décennies différentes. Dix ans exactement se sont écoulés entre la victoire en 500cc de Giacomo Agostini et celle de Wim Hartog, et dix autres années encore entre celle du Hollandais et de Wayne Gardner !

Si le roi Ago a dominé la course de 1968, Hartog a créé la surprise en s’imposant en 1978 alors que Gardner l’emportait en 1988 comme le champion du monde régnant.

La victoire de Giacomo Agostini en 1968 était sa troisième successive en Belgique, au total, il allait en obtenir cinq sur sa légendaire MV Agusta 500/3. Malgré l’opposition de la Honda de Mike Hailwood, Agostini allait nettement dominer l’épreuve belge de 68. Son second, Jack Findlay sur sa Matchless termina à 3’46.30 minutes alors que Derek Woodman était tout heureux de célébrer son premier podium 500 et qu’il accusait un tour de retard sur Agostini !

La domination de Giacomo fut vraiment totale puisque le campionissimo en profitait pour établir un nouveau record de la course de 26 secondes inférieures aux années précédentes. Ago avait gagné en 1h 03.11 soit à la moyenne de 211km/h !

Dix ans plus tard, à deux tours de la fin de l’épreuve, Will Hartog vit enfin le panneau lui indiquant que la voie de la victoire était libre. Quand il fut évident que le champion du monde Barry Sheene ne pouvait plus battre son grand rival Kenny Roberts, son coéquipier provisoire reçut donc le panneau « GO ». Le Hollandais de 30 ans fonça alors. Huit jours auparavant, au TT d’Assen, il avait remplacé Pat Hennen sérieusement blessé, mais n’avait pu mieux faire qu’une décevante 5ième place. Au Grand Prix de Belgique, il prenait une revanche spectaculaire. En deux tours, Hartog creusa un écart de 16 secondes sur Roberts, le leader du championnat. Barry Sheene, troisième, n’était pas heureux et en voulait au Hollandais.

« Barry fut mauvais perdant un certain temps » se rappelle Hartog. « Je comprends, c’était la frustration d’un coureur battu. Néanmoins, il m’a vraiment congratulé quelques heures plus tard à mon hôtel ».

En 1987, Wayne Gardner fut le premier Australien champion du monde des 500cc. Pourtant, sa saison 88 ne débuta pas comme prévu jusqu’à ce qu’il remporte sa première course de l’année à Assen, en battant Eddie Lawson. Grâce à une confiance enfin retrouvée, Gardner attaqua la piste humide de Francorchamps comme un avion de chasse : plein gaz.

La pluie et les conditions délicates étaient pourtant une spécialité de Christian Sarron. Le Français s’avéra d’ailleurs être une menace sérieuse jusqu’à qu’il soit surpris par l’asphalte glissant. Gardner passait ainsi victorieusement sous le drapeau à damiers 30 secondes avant  Lawson.

Les 500 à l'honneur

Etonnamment, Gardner n’a pas piloté une Honda comme prévu, mais la Yamaha YZR 500 de 1986 de Christian Sarron. En effet, rares sont les Honda V4 d'usine en Europe (il n'y en a pas !) et les V3 commencent à manquer de pièces, notamment les vilebrequins !

« Elle ne possède pas la puissance de la Honda NSR avec laquelle j’ai déjà roulé cette année, précisait l’Australien, mais elle tourne de manière irréprochable. »

Au cours des spectaculaires parades du dimanche, réservées aux GP 500, Gardner, Sarron et Steve Plater eurent une belle surprise avec la présence de Scott Redding ! Surtout que l’actuel leader du championnat mondial Moto2 a mis un point d’honneur à faire du grand spectacle pour ses fans.

Au guidon d’une Suzuki RGV 500, pilotée par Kevin Schwantz en 1984 et aimablement prêtée par le collectionneur Steve Wheatman, le jeune Anglais de 20 ans s’est franchement amusé. « Le moteur pousse comme celui d’une 125 actuelle, mais il continue à tirer même en 6ième », blague le coureur du team belge VDS Racing.

« Je n’étais même pas né quand Kevin a couru avec cette moto, donc pour moi, c’est incroyable de la piloter. Il faudrait ramener ce genre de machines : je me suis senti complètement à l’aise !»

Pour Gardner, ce fut une expérience hors du commun. « Les Suzuki de Plater et de Redding étaient tellement rapides que j’avais l’impression d’être sur une 250cc » concluait-il.

Christian Jupsin, organisateur, se dit particulièrement ravi par le spectacle livré par Gardner, Sarron, Giacomo Agostini, Wil Hartog et le héros local Didier de Radiguès. « Mais la passion des side-caristes fut tout aussi grandiose et très appréciée du public. Les gens ont adoré voir des champions comme Rolf Steinhausen et Werner Schwärzel tirer leurs trajectoires au cordeau, comme à leur grande époque, mais ils ont aussi apprécié découvrir la technique et les mécaniques des trois roues exposés sous le grand chapiteau. Sans parler de l’accueil chaleureux et convivial des pilotes et des passagers. Clairement, la parade des side-cars est là pour durer. »

Autre moment apprécié, la parade unique qui permet à tous les participants de refaire une fois (sans jeu de motos Belge)  le tour du grand circuit historique de Spa de 14 Km !

Le regard déjà vers 2014

Pour la prochaine édition, DG Sport espère persuader un plus grand nombre de champions Superbike de se déplacer à Francorchamps.

« Les pilotes présents ont tout donné, mais j’aimerais encore ajouter quelques grands noms en 2014. Terry Rymer nous a promis de convaincre quelques-uns de ses anciens copains de course de venir en Ardenne et d’y amener les plus belles motos de la catégorie. Mon ambition personnelle, soulignait encore Olivier Aerts, est d’ajouter le roi Carl Fogarty sur notre liste d’engagés. Je pense y arriver ! »

Ces trois jours de parades, de courses – les 4 heures de Spa Classics furent très disputées et ont ravi tant le public que les pilotes – combinés aux nombreuses animations tels les séances de dédicaces, les interviews, le marché des pièces d’occasion, les essais de la gamme Triumph Classic, se sont révélés être un grand succès. De quoi attendre le premier week-end de juillet 2014 avec impatience !