Dans les années 80, on est encore en pleine furia des Réplicas. La puissance est en hausse à chaque nouveauté, et la performance ne rime qu’avec sportivité ! L’évolution des motos se fait sur la technologie et la quète de la puissance . Personne n’est préparé à ce qui va débarquer …..

Ca sent le souffre !

Dans les années 1980, Yamaha cherche des parts de marché aux États-Unis. La société engage alors John Reed, un anglais expatrié en Californie, pour concevoir ce qu'elle appelle The Ultimate Custom Bike. Le studio GK Design International va alors concevoir une moto à mi-chemin entre dragster et custom sur base du moteur quatre cylindres en V quatre temps et de la partie cycle d'une autre moto de la marque : la 1200 Venture. C'est Ed Burke qui va être chef du projet et qui sera à la base des esquisses amenant la première muscle bike de l'histoire à voir le jour .

Le thème est simple : une moto d'accélération absolue pour un pays ou la vitesse st sévèrement réprimée . Une sorte de hot rod V8 à 2 roues .

La 1200 VMax est présentée en octobre 1984 à Las Vegas. C'est un choc même pour des Américains habitués aux monstres de puissance !

La ligne est sublime, avec le moteur au centre de l'édifice. Le contraste entre la fine roue avant et l'arrière ultra massif, les deux silencieux courts, le pneu arrière énorme (pour l'époque) et les deux prises d'air facon V8 de Mad Max ! La VMax promet le pire dès le premier coup d'oeil !

Cerise sur le gateau et objet de tous les fantasmes, les modèles américains possèdent un système appelé V-Boost, qui, à partir de 5750 tr/min, ouvre progressivement des papillons de façon à alimenter chaque cylindre avec deux carburateurs. Cela permet de bénéficier à la fois de la souplesse de petits carburateurs, tout en ayant la puissance de gros. Le moteur gagne ainsi 10% de puissance, celle-ci étant dès lors portée à 145 chevaux. Les papillons sont totalement ouverts à partir de 8 000 tr/min.

JCO : l'homme décisif

À l'origine, la VMax devait être distribuée uniquement sur les marchés américain et japonais. Mais l'importateur français, Jean-Claude Olivier convainc les dirigeants de Yamaha de lui vendre une dizaine de VMax.

L'histoire est célèbre et connue, il eut l'idée de faire rouler ces motos pendant l'été sur un lieu très fréquenté : Saint-Tropez. Le coup de publicité est une réussite, les commandes affluent et la direction décide de distribuer la VMax en Europe en 1986.

Pour satisfaire la législation française, le V-Boost est supprimé, les boisseaux des carburateurs sont bridés, les arbres à cames retaillés, et les sorties d'échappement réduites, pour abaisser la puissance maximale à 102 chevaux.

Intemporelle, la V Max est une icône motocycliste. Belle, musculeuse, son design est presque organique et le choc visuel ressenti dans les années 80 fonctionne encore aujourd’hui. La VMax est une sculpture mécanique, un hymne à la puissance brute dont on tombe amoureux au premier regard ! Le moteur impose sa présence, il est le centre du monde avec des écopes alu qui le gavent en air frais comme dans Mad Max !  L’inspiration dragster est sensible avec un contraste très marqué entre l’avant frêle et l’arrière massif occupé par une  énorme roue quasi pleine et deux gros pots chromés.

Ses lignes agressives et surtout très innovantes, font de la VMax un engin à fantasmes dès le premier regard ! Ses détails étonnants sont multiples comme la petite platine d’instruments sur le faux réservoir ou encore l’absence de bouchon de réservoir.

Appuyez donc sur le démarreur et vous allez bien voir ! Le V4 n’a guère d’inertie et son ton rocailleux annonce le programme.

Si vous n’avez jamais fait de burn-out, la VMax est la meilleure maîtresse d’école !  Embrayez en douceur et laissez faire, le fantastique 1200 tient parfaitement ses promesses. La VMax sait être une brute et votre pneu arrière s’en souviendra !  Rien de mieux pour arracher les plaques d’égouts sur votre passage ! Une bonne centaine de chevaux sont à votre service pour la rigolade et le couple déborde gaiement ! Meme si c’est politiquement très incorrect aujourd’hui qu’est-ce que c’est drôle ! L’image de Jean-Claude Olivier sans casque et en costume sur la roue arrière ne pourrait plus exister aujourd’hui, mais c’est ainsi qu’on se forge une réputation de moto rebelle.

La VMax n’est pas qu’une reine des feux rouges, c’est aussi une machine facile à conduire, basse, avec une souplesse moteur incroyable et une position de conduite relax. Elle a inventé la catégorie des power cruiser, mieux, elle en est la reine !

 

Casser le mythe

Car, au-delà de son côté dragster surpuissant, la VMax est une sacrée surprise : on peut se balader sur les bords de mer en profitant d’une élasticité moteur hallucinante et d’une douceur de conduite permanente, les reins calés par le dosseret. Facile donc de cruiser sur le filet de gaz en 5ème, en profitant des rales secs du V4, et de la faculté de s’échapper de vos poursuivants sur une rotation de la poignée de gaz. Si elles n’ont pas fait 145 cv en France, puisqu’elles n’avaient pas le système V Boost, les premières versions à gros échappements devenaient tout de même très méchantes au-delà de 5000 tours !  Au point de sentir l’avant de la machine devenir bien léger. 

D'ailleurs, sur les premières générations, la fourche de 40 mm et les petits étriers de freins étaient la première source de sueurs froides au guidon de ce pétard à mèche !

La VMax vous impose une adaptation de la conduite, il faut sans cesse privilégier l'accélération : vous devez penser à casser vos trajectoires pour réaccélérer encore et encore, dès que vous passez le point de corde ! Jouissif !

Pour le reste, la VMax est une fort agréable compagne, certains d’ailleurs n’ont plus jamais conduit autre chose après sa sortie. Il fallait juste prendre la peine de trouver une passagère aux abdos renforcés ou de monter un sissy bar salvateur ! La réputation de motos de frimeurs ramasse-filles est certes tenace, mais, cela tombe bien car en duo la tenue de route se trouve bonifiée.

La sélection des vitesses est douce sur les motos en bon état, même si le cardan à l’ancienne fait toujours sourire, vous accélérez et hop l’arrière se lève. La VMax est vivante ! 

Une machine hors normes

Les VMax ont été préparées avec plus ou moins de bonheur au fil des années. En trouver une d’origine devient maintenant difficile et il vaut mieux les préserver car le plaisir qu’elle délivre est rare. Alors, plutôt que de souder la poignée et de cramer de la gomme, il vaut mieux les préserver, et c’est une bonne occasion de découvrir d’autres côtés de cette machine. Autrefois rebelle , bad girl, la V Max est entrée au Panthéon motocycliste de son vivant et on la respecte aujourd’hui avec vénération ! Comme quoi, la provocation passe toujours à la postérité . Bravo madame !

Les plus
  • Mythique
  • Accélérations
  • Caractère moteur
  • Icône
Les moins
  • Freinage
  • Rarement d'origine
Équipement
Vidéo:
Fiche technique
  • Moteur et transmission
  • Moteur(s)          4 cylindres en V à 70°, 4 temps refroidissement liquide
  • Distribution          2 act, 4 soupapes par cylindre
  • Cylindrée          1 198 cm³ (76 x 66 mm)
  • Puissance maximale          104 ch à 8000 tr/min
  • Couple maximal          10,1 mkg à 3000 tr/min
  • Alimentation          4 carburateurs Mikuni Ø 35 mm
  • Embrayage          multidisque en bain d'huile
  • Boîte de vitesses          à 5 rapports
  • Transmission          par cardan

  • Cadre, suspensions et freinage
  • Cadre          double berceau
  • Suspension avant (débattement)          fourche télescopique Ø 40 mm
  • Suspension arrière (débattement)          2 combinés
  • Frein avant          2 disques Ø 282 mm, étriers 2 pistons
  • Frein arrière          1 disque Ø 280 mm, étrier 2 pistons

  • Poids et dimensions
  • Roue avant          110/90 x 18
  • Roue arrière          150/90 x 15
  • Empattement          1 590 mm
  • Hauteur de selle          765 mm
  • Poids à sec          262 kg
  • Réservoir (réserve)          15 litres (4 litres)