Chez Yamaha le culte des bicylindres sportifs a animé toutes les années 70 avec la gamme des modèles RD. Yamaha a développé son image et sa technologie autour du moteur 2 Temps en compétition et la gamme RD est sur la route la vitrine du constructeur. La 400 est l’aboutissement de cette dynastie.

Pourquoi une 400 ?

A l’automne 1975, la Yamaha RD400 est présentée en France lors du salon de Paris. 

Elle succéde aux YR-5 350cc (1970) puis aux RD 350 (1973) mais se démarque sur de nombreux points : ses lignes anguleuses qui rompent avec les rondeurs des modèles précédents. Et une cylindrée de 400 qui ne suit plus les codes de la compétition (categorie 350 en Grand Prix ) 

Le bicylindre refroidi par air calé à 180° est dans la lignée RD mais il a gagné 51 cm3 par un allongement de la course du vilebrequin (de 54 mm on passe à 62 mm)! Il offre 40 ch à 7000 tours, mais le coffre est en nette augmentation. Le vilebrequin est aussi alourdi pour assagir le caractère, la boîte à officiellement six rapports (dans les années 70 il était fréquent que le 6ème rapport soit bloqué pour le territoire Français !) et les rapports sont allongés. Les deux carbus Mikuni sont de 28 mm de diamètre et alimentent le célèbre «Torque Induction» cher à Yamaha, inventeur du système des clapets à l’admission (au bénéfice de la souplesse moteur).La machine est annoncée pour une vitesse maxi de 165 km/h.

Au sommet de la modernité, la 400 RD est la première moto japonaise équipée de jantes en alliage ! Elle a donc de superbes jantes à sept bâtons couleur argent pailleté en alliage léger … qui se révèleront plus lourdes que celles à rayons. Elle possède aussi 2 freins à disques de 267 mm de diamètre pincés par des étriers de TZ ! Le cadre tubulaire double berceau est dans la lignée des RD, les suspensions classiques mais de qualité surtout avec une machine légère (fourche de 34 mm de diamètre et 115 mm de débattement), double amortisseur avec ressort réglable sur 5 positions à l'arrière (75 mm de débattement). On note un bras oscillant rallongé par rapport à la 350 pour calmer les wheelings et gagner en stabilité. 

Le 400 arborait une esthétique racée, un réservoir longiligne avec le damier noir-blanc Yamaha racing, et des petits carters latéraux. La présentation est classe, et l’instrumentation complète et lisible avec deux gros compteurs (très précis d’ailleurs ) et un ensemble de voyants. La finition est superbe avec une fort belle qualité de peinture, le bouchon de réservoir et la selle ferment à clé. Gardes-boues et échappements sont chromés. A noter, pour la première fois, le moteur est peint en noir mat, ce qui va devenir la norme pour les 20 ans qui vont suivre !

Le virage vers la polyvalence

Les 2 temps des années 70 étaient performants mais exigeants. Surtout les moyennes cylindrées avec un couple réduit et une puissance haut perchée. Suzuki avec sa 380 puis Kawasaki avec sa 400 S3 puis désormais Yamaha passent par une augmentation de cylindrée pour gagner en facilité d’utilisation . 

Plus qu’un simple réalésage à base de gros pistons, le moteur de la 400 RD est une véritable évolution vers plus de facilité d’utilisation : Culasse, vilebrequin, boite à air, montage du moteur sur silent-bloc, boite 6.... l’objectif est de gagner de la puissance, mais aussi de la souplesse et du couple. Le 400 développe 40 chevaux comparés aux 36 chevaux du 350cc cela semble peu, mais au guidon la différence est nettement palpable dès les premiers tours de roue.

La position est relax, les pieds à la verticale, le guidon bien dessiné et la selle épaisse. 



Plus de puissance et plus d'onctuosité !

Starter, kick, la 400 démarre sans effort. Première, deuxième, le moteur est souple, disponible, rien à voir avec les 350 qui l’ont précédés. La sonorité est également plus contenue, et si aujourd’hui elle détonne dans le décor moderne (le son rappelle le bruit des machines de course), à l’époque elle était plus discrète que nombre de ses congénères. La 400 RD a même des barrettes caoutchouc anti-vibrations entre les ailettes des cylindres pour atténuer les résonnances. Au cours des années 70 la moto devient plus civilisée et les 2 temps font des efforts ! 

La boite est douce et précise avec les 4,5 et 6ème rapports resserrés. L’embrayage est aussi progressif qu’endurant, il bénéficie de la longue expérience des RD et TZ de course . 

Elastique, le twin pousse fort et change de ton apres 6000. La RD est à cette époque la plus rapide des 400 du marché. Le passage à un moteur longue course à plus forte cylindrée est une réussite. Il est facile à utiliser, il est rapide et performant, et il a de la force pour permettre les escapades en duo ! Plus de puissance, plus tot dans les tours avec plus d’octuosité !

Une ancienne très fréquentable !

Meme pour des étrangers aux machines classiques, ou aux moteurs 2 temps, l’utilisation de la 400 RD de nos jours ne demande pas de savoir faire particulier, ce qui en fait une ancienne très fréquentable.

Coté partie cycle, la 400 est petite et très fine. Avec moins de 170 kg et des pneus étroits, elle privilégie l'agilité, ce qui lui donne un incroyable coté joueur, renforcé par l’exploitation du moteur ultra efficace et de la boite sérrée. Vive, changeant d’angle en toute facilité, la 400 RD  passe vite, prend si aisément de l’angle que les repose-pieds frottent rapidement (d‘ailleurs en 78 sur la version suivante Yamaha va modifier le système d’attache pour gagner en garde au sol ! ). Le cadre est d’une excellente rigidité. Et avec son étonnant double disques la RD est incroyable au freinage !  Les pinces de TZ montées sur des disques épais vous permettent des freinages d’outre tombe ! Aucun problème de sécurité de nos jours, ce qui est rare pour une ancienne !

Yamaha 400 RD : injustement oubliée

La Yamaha 400 RD est moins extrémiste que les 350 à refroidissement par air avant elle, ou que la 350 RDLC qui l’a remplacée après 4 ans de carrière. Coupleuse, disponible, fiable, son potentiel est étonnant et elle répond positivement à une utilisation « quotidienne », pour passer de longues heures sans prise de tête avec cette belle classique ! Si vous hésitez à mettre un doigt dans la collection par crainte d’une moto capricieuse, celle-là pourrait bien vous faire changer d’avis ! Avec 1117 exemplaires vendus en France entre 1976 et 1980 … vous devriez pouvoir en trouver une !

Les plus
  • Excellente présentation
  • Freinage
  • Equipement
  • Moteur puissant et dosable
Les moins
  • Garde au sol
Équipement
Vidéo: