Ses 2 énormes pneus auront signé définitivement son empreinte dans l’univers motorisé ! Et dire que si le Van Van a fini sur la plage, il était né pour les fermes ! Fin des années 60, l’industrie Japonaise regarde avec intérêt tous les besoins potentiels des Américains. Un grand territoire, des millions d’utilisateurs et presque autant d’usages différents. Un usage utilitaire à contenter celui des fermiers qui font le tour de leurs exploitations ! Un engin pour les cowboys ! Cahier des charges simple : engin stable, bas, facile à prendre à mains ….le RV va être la réponse de Suzuki à ce monde…..mais l’engin va dévier de sa cible !

Heureuses '70's

Dans les années 70, l’industrie moto n’aura de cesse que de trouver de nouveaux « jouets ».  Et le RV en est un, la preuve, ses initiales veulent dire Recreation Vehicule ! 

Le design du RV est simple : moteur 2 temps à plat, 2 grosses roues ( 6,70 x 10 pouces ) et une selle énorme ! Un look à part qui le démarque franchement de la kyrielle de mini motos en vogue à cette époque : GT Yamaha, Honda US 90, Dax, Monkey,   Kawa KV 75. Car si celles-ci reprennent une ligne normale de moto en réduction, le VanVan est totalement différent notamment de par  un gabarit supérieur  et son absence visuelle de réservoir .

Le Van Van ( ce qui signifie PlusPlus en Japonais ) utilise une base mécanique connue (un monocylindre 2 temps de 90 cc) déjà vue sur la gamme de cyclos de Suzuki. Admission à clapets pour la souplesse, carburateur de 17 mm, allumage batterie -rupteurs, il produit autour des 8 chevaux à 6000 tr/mn en toute simplicité mécanique.

Distribué à partir de 71 aux USA, le RV 90 n’arrive que plus tard en France (fin 72).

Dans l’hexagone, ce n’est pas du tout vers les fermiers que se dirige l’effort de promotion et, de fait, le VanVan va rapidement plutôt devenir ami des pavés parisiens ou des bords côtiers et de leur sable.

Basse pression

Jetez un oeil sur la petite étiquette indiquant les pressions de pneus derrière la selle : 0,8 bar de pression !  C’est dèjà une curiosité, mais le premier virage qui arrive vous comble d’incertitudes … à quoi peut bien servir cet engin qui tient mal la route, tombe sur l’angle plus qu’il ne tourne, et rebondit à la moindre irrégularité …

En fait, un VanVan c’est un style de vie pas un engin de racers !  Et là, le détail de l’engin vous donne quelques indications !  D’abord, sur l’exemplaire d’essai de 74 non restauré, il est remarquable de constater la qualité de fabrication générale.  Les chromes ne sont pas piqués, tout fonctionne à merveille.

Ensuite, on s’amuse à détailler le faux double berceau chromé à l’avant du moteur, le long pot avec sa grille de protection chromée qui court côté droit, la large et longue selle basculante, les gros garde-boues retenus par des tringles chromées à l’avant, etc…  De mini-moyeux à tambours retiennent aussi votre attention, de même qu’une microscopique couronne de transmission (37 dents !) ou encore une béquille latérale dont le « pied » est le plus gros que vous ayez jamais croisé (en prévision de la boue, du sable etc..) .

Le VanVan est farceur : Vous cherchez le carburateur ? Il est bien caché derrière l’enjoliveur de carter côté droit, juste au- dessus de la pédale de frein.

Vous cherchez le réservoir d’essence ? Il est sous la selle avec le réservoir d’huile de mélange ;

Vous cherchez le robinet d’essence ? Oubliez-le, il est à dépression et se charge de tout (sauf du passage en réserve) ;

Vous cherchez à frimer ? C’est mieux qu’une Ferrari et tellement plus sympa.

Comportement ...basse pression !

Ce formidable jouet pour adulte ne requiert aucun savoir-faire particulier pour sa mise en route. Un kick actionnable en tongs, un starter sous le commodo gauche, et un contacteur à clé bien en évidence à côté des voyants et du compteur de vitesse.  La hauteur de selle mesurée rend très accessible l’appareil, et la position assise  est confortable. Les mains posées sur des poignées au dessin accrocheur, la large et longue selle vous facilite la recherche de votre assise, et les repose-pieds sont bien positionnés.

Un coup de kick, et ca part. Les commandes sont douces, la boîte précise comme toutes les Suzuki ! Quasiment aucune fumée, ce qui est exceptionnel pour un deux temps des années 70 ! Que d’atours avantageux pour une utilisation urbaine branchée !

En 30 mètres vous voici déjà en troisième… diable qu’il tire court ce petit moteur !  Vous passez le dernier rapport, (la boîte du 90 n’a que 4 rapports) et la souplesse du bloc vous permet de quasiment tout affronter. Certes à petite vitesse, mais la souplesse de ce moteur n’est pas un vain mot !

Martyrisé, le VanVan prend quasiment 75 km/h lancé à fond. Mais celui de notre essai dispose d’un rapport un peu allongé, car d’origine, avec sa couronne de 47 dents, le RV atteignait au mieux 65 km/h ! Heureusement, le coffre de la mécanique et l’apport des clapets ont autorisé les utilisateurs à changer la couronne pour obtenir plus de vitesse de pointe et, ainsi, économiser leur mécanique !

Pour tout dire, comme engin d’initiation, la performance n’est pas l’objectif. Mais si sa bonne bouille et ses aspects pratiques avaient de quoi séduire, la tenue de route apportée par les gros pneus est… pour le moins spéciale !

Dès que l’on prend un peu d’angle, le VanVan change de visage. De rieur, il devient rétif, puis tombe d’un coup sur l’angle.  On essaie de varier la pression, on sur-gonfle, on sous-gonfle mais jamais la tenue de route en virages ne devient totalement naturelle. Qu’importe, en ville on tourne à angle droit et c’est là qu’il fit sa carrière à son arrivée, et qu’il y revit une gloire « hype » actuelle !

Mais, à fond, la mollesse des suspensions additionnée à celle des pneus si elles procurent confort, nuit relativement à la précision ! Heureusement les micros tambours freinent bien, au pire vous pouvez toujours bloquer l’arrière en cas d’urgence, c’est presque un parachute de secours !

Moralité, 2 choix avec le VanVan, le court trajet en ville, avec plus de style que tous les scooters en plastique actuels et le petit porte-bagages chromé optionnel pour sangler vos emplettes. Sinon il y a... la plage.

Du sable !!!

Avec ses gros pneus facon jeep lunaire, le RV se plait sur le sable !  D’abord, il n’y creuse par de sillon qui vont bloquer votre progression comme en moto. Ensuite, il est bas et se rattraper est facile. Enfin, la discrétion de son moteur vous permettra d’arriver direct jusqu’à votre surf !  Car, là encore, art de vie et style décalé font un ravage !

Le sabot moteur qui vous permettait de sauter les trottoirs en ville vous déchargera de toute inquiétude de choc sur le coude d’échappement.

Si la nouvelle fourche  hydraulique de notre version L de 74 (la première génération a une fourche type cyclo avec les fourreaux en haut et des soufflets tout en bas au dessus de l’axe de roue ) apporte un peu de rigidité, les amortisseurs arrières sont souples…très souples !!  A deux ce sera… vite en butée dès le moindre choc.  Dommage car la bouille craquante de l’objet vous servira à ramener facilement une surfeuse séduite par votre charme incomparable !

Une petite balade que le moteur encaisse sans sourciller, pour peu que vous sachiez jouer de la boiîe pour relancer en cas de faux plats ou de côte prononcée !

 

 

 

Un charisme hors norme.

Qu’ils soient branchés, collectionneurs, petits jeunes ou experts de la chose à 2 roues motorisée, soyez sûr qu’un joli VanVan en bel état ralliera tous les suffrages à chacun de vos arrêts. Il n’est pas si répandu que cela, car en 1973 lors de son lancement en France, il était proposé à 3415 F (un Dax valait alors 2169 F) et ce n’était pas vraiment donné. Certaines 125 valaient moins cher ! Son côté gros jouet, ses gros pneus auront raison de tous les passants. On aura rarement fait un 2 roues aussi sympathique et aussi consensuel ! Pas étonnant que les exemplaires en bon état (complet et d’origine) ne restent pas longtemps à la vente ! Il y a toujours quelqu’un qui va craquer ! Et dire qu’il était juste destiné aux cowboys !!

Les plus
  • Bouille, gueule,
  • Jouet
  • Fiabilité
  • Accessible à tous
Les moins
  • Boîte 4
  • Performances justes
  • Comportement
Équipement
La cote

Comptez 800 euros pour une base saine à refaire ;

Comptez 1800 euros pour un exemplaire complet en bel état d’origine et jusqu'à 2500 pour un modèle irréprochable !

En gros, on trouve toutes les pièces à l’exception de la célèbre pompe des tous premiers modèles et les garde-boue arrière en tole. Même les pneus sont encore remplacables !

Un site peut vous aider : www.rv90.org