Une petite 250 réplica GP assez méconnue en Europe, voici ce qu’est la KR 250 Kawasaki ! Une version route en pleine mode GP réplica du début des années 80 !

En ligne, oui mais un derrière l’autre !

La KR est un modèle de Grand Prix chez Kawasaki. En 1975, la firme a décidé de revenir en course. Tout d’abord aux USA, puis en GP pour réactiver son image sur le continent européen. Ce sont les moyennes cylindrées qui sont choisies, 250 cm3) avec une motorisation atypique : un twin 2 temps... en tandem !

La conception classique à cette époque est le bicylindre en route face à la route, là, les 2 cylindres sont alignés un derrière l’autre. Une explication à cela, Kawasaki utilise des distributeurs rotatifs pour favoriser la disponibilité sans grever la puissance en ainsi la moto serait trop large si elle avait les cylindres cote à côté. Avec les cylindres alignés, les carburateurs sont sur le coté et la machine conserve sa finesse frontale sans risque pour la vitesse de pointe .

Mise au point avec Yvon Duhamel, la KR 250 arrive en Europe aux mains de pilotes officiels comme Barry Ditchburn. Sa première victoire en Europe est le fait de Mick Grant en 77 Mais c’est en recrutant le pilote privé Kork Ballington et ses compétences mécaniques que la KR va écraser la concurrence : 4 titres en 78/79 pour Ballington en 250 et 350, puis encore en 81 et 82 en catégorie 350 avec Anton Mang.

Car après la mise au point de la 250, c’est une 350 sur le meme schéma qui va arriver en 78 ( jusqu’en 82 ).Pour mémoire, le schéma tandem twin sera repris par Rotax de son coté et fera gagner de nombreuses marques (Armstrong, Kobas, MIG, et les premières Aprilia 250 !).

A l’époque, chaque pilote rêve de cette moto. Un moteur plus puissant et bien plus exploitable que les Yamaha concurrentes, une suspension arrière confortable et hyper efficace !  Le Français JF Baldé ( ci dessous à la Sunday Ride Classic ) courra dessus plusieurs saisons, Jean Louis Guignabodet également. La KR est l'arme absolue en GP... Kawasaki va en produire une replica pour la route .

Un marché intérieur privilégié

Au Japon, tout est bon pour glorifier les marques, et les réplicas en font partie surtout en moyenne cylindrées.  Pas étonnant donc en 1983 de voir arriver au catalogue Kawasaki un KR 250 reprenant les traits principaux de la version course : moteur en tandem refroidi par eau, 2 distributeurs rotatifs ( la plus noble admission pour un 2 temps ) un pot en bas, un pot dans la selle.  Cette KR de route sera vendue essentiellement dans le bassin Pacifique.  Elle ne sera jamais importée en Europe officiellement, elle y aurait couté infiniment trop cher 

On remarque les efforts coté châssis : solide cadre en tubes carrés en aluminium, roue avant de 16 pouces avec anti plongée réglable, amortisseur à l’horizontale sous le moteur, système Unitrack, c'est le top du top en 84 !

Cette débauche de technologie vaut le cout ! Sur le marché Japonais  les constructeurs rivalisent d’audace !  On verra même Honda sortir un V3 2 temps ( MVX ) !  C’est dire si la bagarre fait rage.

Avec son mode de distribution que les autres n'ont pas , la KR est la plus puissante : 45 ch contre 40 pour les autres 250.  Les distributeurs rotatifs sont le mode de distribution le plus noble, le plus évolué et le couteux à produire pour un 2 temps . Ils recquièrent précision d'usinage et savoir faire ( Kawa a déjà produit des 2 temps ainsi équipés dans les '60) , mais rien n'est trop beau pour le marché Japonais

La ligne est dans l’esprit des GPZ de plus grosse cylindrée du constructeur : demi carénage et sabot raccordé ( on admire mieux les 2 carbus latéraux ) et phare carré . La selle passager peut s'enlever pour monter un petit dosseret ( signée par Kork Ballington en personne sur la moto d'essai ). La qualité de finition, l'épaisseur des plastiques est digne d'une grosse GT ! Du super sérieux. Vous avez meme droit à une jauge d'essence au tableau de bord.....sur une 250 de 84 ! 

Lors de la conférence de presse de lancement, évidemment, Kork Ballington le pilote le plus titré au guidon de la KR est présent.

45 chevaux à 10 000

On la relève de la béquille d'un doigt, c'est une plume ( 133 kg à vide ) . Plus légère que les 125 actuelles ! Installé sur la KR, on s’amuse de sa finesse !  La position est assez en arrière avec les demis guidons à l’angle prononcé.  Le démarrage se fait sans effort, mais immédiatement le tintement des distributeurs rotatifs se fait entendre.  Autre trait caractéristique est l’inertie du moteur  dans les bas régimes.

 Le démarrage se fait sans trop faire cirer l’embrayage et la KR est plutôt  facile pour une 250 de plus de 45 cv .  Passé 5000 le ton change, la moto pousse fort jusqu'à 10 000. On passe le rapport supérieur sans perte de régime grâce à l’étagement resserré, et la poussée se prolonge.  Les 180 compteurs sont facilement atteints et surtout maintenus!  Cette 250 pousse autant qu’une 350 RDLC d’origine première version mais dispose d'un coffre bien plus important .  On s'en rend compte dès que la route n'est pas plate :  en abordant par exemple un long faux plat, inutile de remettre la 5ème pour relancer. Le couple et la force du moteur vous propulsent sans aucune mollesse. Le couple est élevé avec 3,7 mkg à 8000 mais la KR présente surtout une courbe assez plate ( pour un 250 2 temps ! )


De l'avantage des distributeurs rotatifs

Mettez un peu plus de gaz, et la vitesse est maintenue . Etonnant pour un 250 !  C'est tout l'avantage des moteurs à distributeurs rotatifs face aux clapets.  Ils ont la capacité de procurer du couple, tout en en prenant des tours avec une puissance maxi souvent supérieure !  La gestion des diagrammes d'admission est bien plus " facile" et le rendement est grandement amélioré. La KR " civile" en est la démonstration ! C'est vraiment le point fort de cette machine !

Ceux qui ont pu comparer un 500 RG à un 500 RDLC comprendront la différence de ressenti entre clapets eet distributeurs !  En tout cas, Kawasaki en avait été le précurseur avec les 250 Samourai et 350 Avenger des années 60, la 250 KR de 83 est tout aussi réussie techniquement !

Chassis sain et 133 kg !

Système mono amortisseur Unitrack,amortisseur aux multiples possibilités, anti plongée réglable, roue avant de 16 pouces, cadre en tubes carrés et platines aluminium, la chasse au poids a fait son effet, la KR a du potentiel ! Les détails tuent pour une si petite cylindrée : regardez le réglage de la tension de chaine par exentrique, de la haute volée ! Le bras oscillant bénéficie d'un renfort inférieur de section carrée ! La moto est superbement fabriquée et respire la course

Les 133 kg à sec et  la roue de 16 pouces vous procurent une légèreté hallucinante et avec un moteur aussi vif entre 5 et 10 000 on goute au saveurs des GP au son rauque des silenciieux qui hurlent à haut régime ! Et en fait il faut une grande finesse de pilotage tant la moto est légère . Oubliez l'attaque version brute, tout se passe au millimètre, un peu effacé derrière la bulle. On regarde la trajectoire, et elle y est déjà ! 

Un peu effacé derrière la bulle, vous passez partout à fond, juste en rentrant un rapport en cas de freinage pour ressortir comme une balle ! Le freinage est très largement au dessus de tout soupcon, 3 disques et une plume à arréter, trop facile !

Vive les Grand Prix

En donnant naissance à de telles machines, les GP ont eu du bon dans les années 80 : RDLC, Gamma, et puis cette KR 250 ont mis sur la route de véritables merveilles technologiques ! Seule réserve, elle n'est jamais arrivée jusqu'à l'Europe car chère à produire elle aurait couté quasiment le prix de certaines 750 ! Dommage . Un tandem twin de production vendu de série ….cherchez bien, je pense qu'elle est unique !

Les plus
  • Interet mécanique
  • Potentiel moteur
Les moins
  • Introuvable en France
Équipement
  • Anti plongée avant
  • Amortisseur réglable