Cette semaine, j'ai essayé une Kawasaki 750 GPX de 1987. Je vous raconte pourquoi cette moto est importante.

Il faut savoir qu'en attaquant la seconde moitié des années 80, c'était l'ébullition sur le marché des 750, qui étaient alors des motos fort vendues en France et ailleurs. Suzuki avait lancé la GSX-R 750 : les motards sportifs pouvaient s'acheter, pour pas si cher que ça (42 000 F), la réplique d'une vraie moto d'endurance. Honda avait entamé sa quête de perfection avec la première génération de VFR 750, tandis que Yamaha était dans la place avec la subtile FZ 750 et son délicieux moteur à 20 soupapes. Et Kawasaki là-dedans ?

Kawasaki GPX 750 : sa vie, son oeuvre

Ben Kawa est à la ramasse : pas en grosses cylindrées, où la 1000 RX succède dignement à la 900 Ninja. Pas en "petite" cylindrée non plus, puisque la GPZ600R fut la première 600 sportive moderne avec son cadre périmétrique et son moteur à refroidissement liquide. Mais en 750, il manque quelque chose. Du coup, ils sortent la GPX, qui se cale directement en face de la VFR, mais qui est... ratée. En effet, s'il n'y a rien à dire sur le moteur (un vrai 4 en ligne Kawa, coupleux en bas et rageur en haut), tellement bon qu'il sera repris à l'identique sur le Stinger deux ans plus tard, le châssis est raté ; la géométrie est mal conçue, l'angle de chasse est trop fermé, la moto peut partir dans de violents guidonnages. Kawa en a conscience, et se lance dans une opération osée, qui consiste à modifier artisanalement l'angle de chasse des motos destinées à la presse (les clients, eux, auront droit à l'oignon prévu au départ). Manque de bol, les journalistes moto ne sont pas des pinces, ont de gros doutes à l'essai de la moto et découvrent le pot aux roses. L'affaire est suffisamment grave pour (et c'est assez rare pour être signalé), que les médias s'unissent et dénoncent le "scandale Kawasaki" : Moto Journal, Moto Revue, Moto1 et Moto Flash publient l'information de manière commune. Kawasaki noie le poisson et vire un sous-fifre. Même si elle remporte le titre de championne de France de Superbike, la carrière de la moto est plombée ! Après deux ans au catalogue, elle sera remplacée par la Stinger... 

Kawasaki GPX 750 : trois choses qui m'ont fait kiffer

Pourtant, tout n'était pas mauvais sur cette brave GPX. En roulant à son guidon, j'ai kiffé sur trois choses : 

  1. Le moteur, c'est un excellent 4 cylindres en ligne. Donné pour 106 ch et 79 Nm, il est vif, sonne bien, a du caractère, du couple et de l'allonge. Aujourd'hui encore, c'est un excellent compagnon de route
  2. Le confort est correct, avec des suspensions un peu plus fermes que sur une VFR, mais une assise neutre qui autorise à tailler la route sans fatigue. Cerise sur le gateau : on peut le faire à deux, avec une selle généreuse et une solide poignée de maintien. 
  3. Le niveau d'équipement est étonnant : certes, le tableau de bord, pour être complet, a un design "automobile" tout carré, infiniment moins sexy que les cadrans blancs entourés de mousse d'une GSX-R. Mais entre le petit vide poche, les crochets pour les bagages, le témoin de béquille latérale, voici une moto très cossue. 

Une Kawasaki GPX 750 aujourd'hui : combien, comment ?

Déjà, il faut en trouver une : entre la tenue de route hasardeuse et le fait, qu'à un moment, comme ça ne valait plus rien, une population désargentée et pas très doué a pu finir d'achever l'espèce. Pourtant, le moteur est solide et encaisse de gros kilométrages, mais on ne trouve plus de pièces d'habillage pas plus que des échappements, par exemple. Du coup, une GPX vaut entre 800 et 1500 € selon l'état, mais ça ne se bouscule pas sur les petites annonces. Paradoxalement, à sa sortie, c'était la 750 la plus chère du marché, 3000 F de plus qu'une GSX-R, par exemple ! 

Quelques chiffres clé : 

  • 4 cylindres, en ligne, 748 cm3, 68 x 51,5 mm
  • 4 carburateurs Keihin, 34 mm
  • 106 ch à 10500 tr/mn
  • 79 Nm à 8500 tr/mn
  • 195 kilos à sec
  • 240 km/h chrono