La moto de la semaine : Kawasaki 350 A7 Avenger

Actualité du 28/08/2019 par Philippe GUILLAUME
 

Cette semaine, j'ai essayé une Kawasaki 350 A7 Avenger de 1970. Je vous explique pourquoi cette moto est importante.

Au tournant des années 70, chez les Japonais, seul Honda est un fervent défenseur du 4-temps : CB 350, CB 450 et CB 750 sont là pour offrir la monture dont chaque motard a besoin, selon ses envies et son budget. Mais les autres sont encore à fond dans le deux-temps ; Yamaha présentera sa XS 650 en 1970, Kawasaki sa 900 Z1 en 1972 (on met de côté la Kawasaki W1 de 1965, qui était en fait une Meguro japonaise, c'est à dire une BSA A7 revue...) et Suzuki les GS en 1976.

Avant de sortir ses monstrueuses 750 H2 trois cylindres, Kawasaki avait déjà des petites 350 fort sympathiques, très performantes et aussi très techno, en témoigne la présence de distributeurs rotatifs que l'on devine sous l'excroissance, à l'avant des carters. Pour rappel, ces disques rotatifs ont été inventés par Walter Kaaden, le pape du deux-temps et ingénieur chez MZ, ce qui a permis à ces motos d'être vice-championnes du monde en 1958 et 1959, tandis que Phil Read a remporté des GP 250 sur des Yamaha dotées de cette techno en 1964 et 1965. Autre élément notable, le système Injectolube (trois câbles partent de la poignée de gaz pour que l'huile du graissage séparé aille lubrifier des roulements).

Avec son gabarit mini et son rapport poids-puissance favorable, la 350 A7 sera la première monture avec laquelles se disputera la fameuse Coupe Kawasaki en 1971, qui a vu passer la fine fleur de la vitesse française, les Pons, Guilleux, Saul, Sarron (Christian), Le Liard, Espié, Samin, Fontan, Bonhuil et tant d'autres ! C'est dire l'importance historique de cette machine. 

Kawasaki 350 A7 Avenger : sa vie, son œuvre

La 350 A7 Avenger a été produite de 1967 à 1971 ; les trois premiers millésimes se font avec un habillage plus rondouillard avec des flancs de réservoir chromés sur les premières séries ; en 1969, l'instrumentation "sort du phare" et devient confiée à des compteurs classiques ; en 1970 (tel notre modèle d'essai), le réservoir devient plus rectangulaire et la selle est nouvelle. A noter que la mode du scrambler aux USA a fait que cette sportive racée a été déclinée en version A7 SS, avec des échappements placés en position haute. La 350 S2 lui succèdera fin 1971, avec son moteur trois cylindres de 45 chevaux. 

Kawasaki 350 A7 Avenger : trois choses qui m'ont fait kiffer

Il faut louer la mémoire de ces machines car, dans un monde où les mécaniques deviennent un peu aseptisées, le deux-temps à l'ancienne, c'est quand même un grand moment d'émotion ! Ainsi, voici trois choses qui m'ont fait kiffer au guidon de cette 350 A7 Avenger : 

  1. Les performances : ce petit-deux temps aime prendre des tours (il faut d'ailleurs le faire, pour ne pas calaminer les pots) et possède une belle allonge, avec la troisième qui grimpe à 120 km/h, la 4ème à 145 km/h, la 5ème à un bon 160 km/h à 7000 tr/mn. Avant d'en profiter, il faut bien faire chauffer le moteur (ça prend du temps) et s'habituer à la boîte, avec sélecteur à gauche, mais le point mort tout en bas et les cinq rapports au-dessus. Et puis bien évidemment, il faut être dans la bonne plage de régime : rien en-dessous de 4500 tr/mn, il faut constamment viser entre 6 et 8000 tr/mn. Un petit twin deux-temps à l'ancienne, ça marche, mais ça se mérite, ça se travaille ! 
  2. La tenue de route : si la rigueur des suspensions est prise en défaut à haute vitesse, le train avant est plutôt précis et l'on prend plaisir à balancer cette machine en virage lent. 
  3. La légèreté : 149 kilos à sec, un gabarit de grosse 125, 13,5 litres dans le réservoir (de quoi faire 130 kilomètres !). Pas d'inertie, pas de frein moteur, cette moto est une plume qui virevolte d'un virage à l'autre... 

Une Kawasaki 350 A7 Avenger aujourd'hui : combien, comment ?

Attention, si la 350 A7 Avenger a été la première "grosse Kawasaki" importée en Europe, les belles survivantes sont rarissimes et vous aurez le plus grand mal à trouver des pièces. Il faut donc jeter son dévolu sur une machine en parfait état plutôt que de risquer la galère d'en retaper une. De fait, il faudra sortir entre 8 et 10 000 € quand vous en verrez passer une... 

Quelques chiffres clé : 

  • 2 cylindres, en ligne, 2-temps, 338 cm3, 62 x 56 mm
  • 2 carburateurs Mikuni, 26 mm
  • 42 ch à 8000 tr/mn
  • 40 Nm à 7000 tr/mn
  • 149 kilos à sec
  • 160 km/h chrono

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