La moto de la semaine : Barigo 600 Supermotard

Actualité du 18/03/2020 par Philippe GUILLAUME
 

Cette semaine, j'ai essayé une Barigo 600 Supermotard de 1992. Je vous explique pourquoi cette moto est importante.

1989 : le premier Guidon d'Or se court au circuit Carole et les plus grandes vedettes de la vitesse (Eddie Lawson, Christian Sarron, Alex Viera, Thierry Crine) rencontrent les plus grandes vedettes de la moto verte (Stéphane Peterhansel, Jacky Vimond, Georges Jobé, Ricky Graham, Cyril Neveu) plus quelques saltimbanques, au sens noble du terme (Richard Almet, Gilles Salvador..., Salvador qui a failli botter le c... de Lawson en finale) pour un événement qui consacre le meilleur des deux mondes. Le Supermotard est né et lancé en France, et cela va inspirer les constructeurs... lesquels avaient déjà senti la tendance, née aux USA (avec la TDR 250, par exemple). Toujours est-il qu'un artisan français, Patrick Barigault, se lance dans l'aventure supermotard.

Qui ne connait pas Barigo ? Spécialiste de l'aluminium, Patrick Barigault commence par créer des cadres destinés aux motos d'enduro ; elles gagnent le Rallye de Tunisie 1981 et terminent sur le podium du Dakar 1982 (année où sera déposé le nom Barigo), devant les Yamaha officielles, excusez du peu. Barigo parvient ensuite à avoir un accord avec Rotax pour la fourniture de moteurs ey sélectionne les meilleurs composants de l'époque pour les périphériques : fourche Marzocchi, amortisseur Boge ou Öhlins, roues Akront, freins Brembo... Bref, c'est de la haute couture.

Ainsi, quand sort la Barigo 600 Supermotard, elle renvoie au rang d'aimables plaisanteries les autres modèles : les Japonais n'ont pas franchi le cap de la 600 4-temps et si de nombreux motards se font "leur" supermotard, c'est souvent sur la base d'une pauvre 600 XT ou 600 DR refroidies par air qui se voit affublée d'une roue de 17 pouces à l'avant, sans que les suspensions, les freins ou la géométrie ne soient modifiés en rapport. Bref : ce sont des merguez. La Barigo, 600, elle, offre un cadre alu, un moteur Rotax a double arbre à cames et triple allumage (!) qui développe 15 chevaux de plus que les références du moment, un châssis de course... Preuve de sa conception : notez la prise d'air sur le haut du réservoir ! 

Barigo 600 SM : sa vie, son oeuvre

Selon les historiens de la marque, seulement 48 Barigo 600 SM ont été produites et homologuées en 1992. Elles sont toutes identiques : trois coloris au programme, le noir, bleu, rouge. Notre exemplaire d'essai est unique, recouvert d'une couche de carbone. Une option était proposée : un étrier de frein avant à 6 pistions, notre moto en était équipée. Quatre exemplaires bleu clair, destinées à une hypothétique coupe de marque (qui n'a jamais eu lieu) ont été construits. Barigo a coulé en 1995. 

Si la 600 SM n'a pas réellement trouvé son public (à la différence des trails 600 Evasion et enduro 600 Tonic, motorisés par un Rotax refroidi par air, et diffusés à quelques petites centaines d'exemplaires), c'est aussi parce que sa conception très haut de gamme avait une contrepartie : un prix de vente de 64250 F en 1992, à comparer aux 30 à 35000 F que demandait un 600 mono et aux 60000 F que l'on lâchait pour une Suzuki 1100 GSX-R ! 

Barigo 600 SM : trois choses qui m'ont fait kiffer

Une moto conçue à la main, en France, pour la performance, ça ne se dégote pas tous les jours ! Voici trois choses qui m'ont fait kiffer lors de cet essai : 

  1. Déjà, l'allure et le soin apporté aux détails : entre la grosse prise d'air sur le réservoir, l'étrier de frein à 6 pistons, l'omni-présence de carbone ou d'aluminium, le tableau de bord complet avec sa jauge de température d'eau et son compte-tours, ses deux gros silencieux d'échappement, voici le genre de moto qui impressionne. Tout comme la selle perchée  à 850 mm.
  2. 61 chevaux dans un mono 600 4-temps, c'est pas courant. Gavé par deux gros carburateurs, la souplesse et les évolutions en ville à bas régime, c'est pas son truc. Une fois à température, le Rotax ne demande qu'une chose : qu'on lui rentre dedans. C'est au-dessus de 5000 tr/mn qu'il s'exprime vraiment. Quelle vigueur : la boîte tire assez court (on prend malgré tout 190 km/h à fond de cinquième) et ça arrache un peu les bras.
  3. Le châssis est particulier : avec 1520 mm d'empattement, on est plus proche de la péniche que du vrai SM (une Aprilia 1200 Dorsoduro, considérée comme une vraie enclume, était à 1528 mm). Pourtant, la 600 SM accepte de se faire un peu violenter. Il faut y croire : on la jette d'un coup brusque dans le virage, on sort le pied à l'intérieur, on met gaz à fond et en général, ça passe. Dire qu'il faudra attendre quelques années de plus pour que KTM arrive à faire juste aussi bien, avec ses Duke et 640 SM... 

Une Barigo 600 SM aujourd'hui : combien, comment ?

Déjà, il va falloir en trouver une (et encore plus, une à vendre !). Elles sont souvent dans des collections et ne changent plus vraiment de mains. Ensuite, sachez qu'il n'y a tout simplement plus de pièces, même si un club Barigo saura être à l'écoute (mais faudra demander gentiment). Côté cote : on peut évaluer l'engin à 5000 €, ce qui n'est pas cher au vu de la rareté et des performances. Et bon courage pour trouver un mécano qui saura régler un Rotax à triple allumage ! 

Quelques chiffres clé : 

  • monocylindre,  4-temps, 598 cm3, 97 x 81 mm
  • 2 carburateurs Dell'Orto, 36 mm
  • 61 ch à 8000 tr/mn 
  • 59 Nm à 6000 tr/mn 
  • 132 kilos à sec
  • 190 km/h chrono 

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