Le PARIS-BOURGES, pour y avoir participé déjà deux fois, je confirme que c’est très sympa. Une bande de furieux, des vrais, qui restaurent eux-même, fabriquent de la pièce, dénichent de l’épave en grange, passent tous leurs loisirs là-dedans à l’huile de coude pas au chéquier sur des engins parfois improbables, se réunit une fois l’an au cours du week-end de Pâques pour rouler 200 km dans la région au guidon de tout ce qui existe en moto ancienne. Certains d’entre eux partent même de Paris, le samedi très tôt pour être au départ de la rando le jour même quelques heures et trois litres d’huile plus tard. On y voit absolument de tout : anglaise, japonaises, italiennes, allemandes, américaines..., de toute époque. C’est très rigolo ce mélange des âges, des genres et des styles.

La bonne humeur quelque soit le temps

Le soir apéro, repas sous chapiteau et bonne rigolade. Ça marche. Une année sur deux il pleut… certains parient pour la neige cette année. C’est une très belle manif’ qui embouteille tous les ans la fameuse rue d’Auron, a son reportage dans La vie de la moto et la presse régionale et bien sûr fait râler les anti-moto locaux … rigolo je te dit !
On se retrouve donc dans deux semaines pour assurer l’encadrement et la sécurité sur le parcours.

Bon, après l’avoir préparé, il fallait bien le faire ce Paris-Bourges … malgré la météo.
Et oui, une fois encore, fidèle à lui-même le week-end de Pâques a oscillé entre neige, pluie, vent, froid et soleil … Pas de chance, cette année dès le vendredi soir il décidait de nous proposer la pire des météos … au cœur de la Sologne.

Bon alors, le Paris-Bourges c’est quoi ?

Et bien c’est, tous les ans et pour la trentième-sixième fois en 2013, un circuit de 200 km autour de Bourges le samedi (certains arrivant de Paris le matin même) et une balade moitié moins longue le dimanche matin.
Le tout entrecoupé de belles agapes à table. J’avais oublié à quel point ça pouvait manger un Berrichon mouillé / frigorifié. Et c’est L’Acétylène Moto Club qui gère l’ensemble sous le patronage d’une motarde (entourée des membres du Bureau de L’Acétylène MC) : Isabelle.
Il ne s’agit pas d’une course, on parle bien de randonnée, réservée à toute motocyclette de plus de trente ans d’âge en état de rouler et règlementairement conforme.

Une idée de réunir paris et province

À l’époque, l’AAMA est la principale association de motocyclettes anciennes en France. Les différentes sections régionales ne sont reliées que par le biais du bulletin de l’amicale et leurs membres se retrouvent lors des sorties organisées en été par chacune des sections.
Ils ont émis l’idée de pouvoir se retrouver chaque printemps. Partant de ce constat, le principe d’une balade permettant de réunir les motards de la région parisienne et ceux de la province prend forme. Ceux de la région parisienne partiront de Paris pendant que les berrichons partiront de Bourges. Ainsi, tous se retrouvent à mi-chemin sur une motocyclette ancienne.
 
De l’ordre d’une centaine de motos sont réunies pour ces deux jours de périple sur les routes de Sologne et dans la campagne berrichonne, même si la météo en a découragé un certain nombre cette année,. Dès l’instant que l’on possède une moto ancienne de plus de trente ans, quelle qu’en soit la marque, on peut participer. Et ainsi, tous les genres motocyclistes se retrouvent mélangés. On y remarque une moyenne d’âge certaine chez les motards présents et de nombreuses dames elles-mêmes sur leur motocyclette ou en passagère – ce qui sur certains des engins relève d’un vrai courage. Ça cause aussi pas mal l’English car nos voisins d’outre-Manche viennent chaque année en nombre car dans le genre passionné ceux-là sont vraiment de classe mondiale.

Motos éclectiques

On peut donc y apercevoir de l’ancienne « dans son jus » d’origine avec juste ce qu’il faut de peinture piquée ou bien de la restauration top niveau genre « sortie d’usine »
Mais qui dit rallye d’anciennes dit d’abord : camionnette !
Et oui, derrière le convoi qui s’étale sur plusieurs kilomètres car tout le monde ne roule pas du tout à la même vitesse et ladite vitesse plafonne à l’astronomique moyenne de 40 - 60km/h, 5 ou 6 indispensables véhicules de « secours » ferment la marche. Ils passeront leur samedi à charger les motos en panne et à les décharger car les pilotes réparent et repartent.
Des groupes de motards, j’en ai encadré un certain nombre depuis de nombreuses années : de tout temps, sur tout type de route, de tailles diverses et variées. Mais là, c’est pô pareil ! C’est de l’ancienne, il faut très vite intégrer comment se comporte le troupeau.
Par exemple on ne freine pas brutalement devant ce groupe constitué d’engins au freinage parfois relatif ou bien de lascars qui passent à ta hauteur en hurlant « je m’arrête pas, a’ tient pô l’régime, si je m’arrêt’ a r’démarre pô … ». Ah bon d’accord. Alors le mieux c’est que je ne reste pas au milieu alors, ok, j’ai compris. Pour les stops et les feux tricolores on gèrera au coup par coup. Sport ! Ceci dit, tout le monde se comporte très bien et aucun incident ne sera à signaler.

Vas-y Laurent !

T’as ramassé ton sélecteur de vitesse sur la route 200 m derrière, tu sors le câble qui va bien, et c’est reparti !! Tu penseras à vérifier l’huile, elle pisse là… 
Bon, il pleut, ça glisse, on est au milieu du trafic, la visibilité est mauvaise et le Vespa décide d’en rester là. Ok, débrouilles toi comme tu peux pour sécuriser l’ensemble !!!               
 Ah woui ! Autre étrangeté à signaler : si tu peux éviter de rester au milieu du peloton c’est plutôt mieux pour tes poumons !! Affreux ma pôv dame ce que ces chignoles peuvent cramer comme huile et faire comme fumée. Ici l’expression « pollution atmosphérique » prend tout son sens. Il est vrai qu’entre un moteur d’il y a 50 ans et un moteur contemporain : rien à voir en termes de rejets.
Quant à l’éclairage … disons que lorsque la nuit fût venue, avec 3 ou 4 retardataires, je me suis mis devant, j’ai attendu que tout le monde se regroupe derrière moi sur la droite, j’ai mis plein phare et nous sommes rentrés au bercail ainsi : 4 motos, un seul phare.
Enfin, tu ne t’offusqueras pas si je ne développe pas le chapitre sur les 100 litres d’huile que nous avons dû laisser sur les routes empruntées ce week-end, ça n’apporterait rien …

Poête

Au Paris-Bourges les femmes sont belles sur leur trapennelle… et les garçons sont bons sur leur brélon

Au Paris-Bourges, dans la forêt solognote, les Rumi sont talonnés par les Tobec , au Paris-Bourges on voit les plus belles, originaires de tous les pays du monde et toujours accompagnées des wouatures qui vont bien.  
Au Paris-Bourges le motard vintage français est heureux et lit les magazines à la mode. 
Au Paris-Bourges règne le Cromwell des familles
Au Paris-Bourges on peut d’ailleurs venir en famille 
Au Paris-Bourges on croise les plus belles motos et les plus beaux motards
Au Paris-Bourges règne aussi le Barbour et d’ailleurs peu importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse,
Au Paris-Bourges, le look n’a que très peu d’importance, seul compte la couleur de la robe du destrier.
Au Paris-Bourges, on vit la vraie vie de motard qui solutionne tout et n’a pas de poignées chauffantes
Au Paris-Bourges on fait des photos qui remontent le temps 
Au Paris-Bourges on redécouvre les villages de notre France profonde
Au Paris-Bourges on roule avec des motos de légende         
Au Paris-Bourges les belles italiennes (contrairement à leur pilote anglais) ne supportent pas l’humidité et se font pousser pour démarrer
Au Paris-Bourges les p’tits gars de la sécu’ se sont bien marré
Au Paris-Bourges la population en liesse attend les participants, malgré la pluie et un retard certain sur l’horaire, pour venir admirer les motos qui ont remonté traditionnellement la fameuse rue d’Auron, à Bourges, sous les applaudissements
Et quand enfin vient le dimanche ensoleillé (mais froid), le Paris-Bourges s’arrête devant l’église à mâtine, à l’heure de la messe, pour… foncer au bistro  
Au Paris-Bourges on a encore démontré en 2013 qu’avec une moto, un caleçon long et une bonne bande de passionnés on peut assez aisément atteindre un plaisir quasi enfantin malgré les intempéries..
Au final j’aurai ajouté 850 km de bonheur sur pneumatique à mon compteur.
 
Vivement le 37ème Paris-Bourges.