De superbes machines, toute l'histoire technique d'une discipline sportive en un seul coup d'oeil, des marques oubliées et disparues, sont les ingrédients de ce meeting classique réussi, c'est vrai ! Mais cette fois c'est d'enduro dont il s'agit. Et le 8ème enduro classique d'Auroux valait vraiment le détour !

Quelle diversité !

On se gare dans un champ, et immédiatement, la première moto qui apparait entre 2 camions est un Fantic 125. Deux amortisseurs, deux freins à tambour, cylindre à ailettes, moto basse, fine, une selle de 10 cm d'épaisseur ....quel bond en arrière !

L'enduro rétro c'est ca, croiser en un même lieu  toutes les machines stars des années magiques de l'enduro, les années 70 et 80, l"époque où la discipline a explosé.

Les regrouper pour un week end de course  donne l'occasion de re-découvrir  les superbes machines de cette illustre période ( car l'enduro était couru par des machines artisanales ou de toutes petites séries à cette époque ) bien avant que les parcs ne soient tous dévorés par un seul constructeur orange comme aujourd'hui.

Italiennes, Allemandes, Est allemandes, Françaises, Japonaises, Canadiennes, Suedoises, les origines sont multiples, les marques innombrables. Fantic, Maico, AIm, Puch, Ossa, SN, Hercules, Husqvarna, Yamaha, Cagiva, Gilera, Villa, Zundapp, MZ, Honda, Monark, Ancillotti, Can Am, Bultaco, Barigo, Scorpion, SWM, Kramer, imposible de toutes les dénombrer. Il y a même 2 Peugeot et une Ligier !!

Quelle évolution

A une époque où les Husqvarna étaient encore Suédoises, et où les motos orange étaient des Canam, chaque constructeur avait ses trouvailles techniques.  L'enduro de cette époque est un foisonnement de recherches et l'on passe en 10 ans du bi-amortisseur refroidissement par air, deux tambours, à une technologie bien plus évoluée proche de ce que nous connaissons aujourd'hui . On est bien loin de la pensée unique !

Pour résoudre le même problème, on s'amuse des multiples solutions inventées par les ingénieurs maison de chaque constructeur d'alors. Détailler ce que chacun à pu inventer, comment les motos ont évolué, des trucs malins à des trucs loufoques, un guidon qui fait radiateur d'eau, un refroidissement par thermosiphon, un cantilever à deux amortisseurs accolés, Auroux permet de tout  résumer en un seul moment ! Sublime pour qui est féru de technique.

Quelle variété !

En observant les motos on passe aussi de la période 100 % Européenne à l'arrivée des Japonais vers la fin des années 70 avec des Suzuki PE, des Yamaha IT, des Honda XR et de très rares Kawasaki KLX !  Il y a également un beau bataillon de Yamaha 125 DTMX, le best seller  légendaire, avec une dizaine de motos toutes plus préparées les unes que les autres.

C'était ça l'enduro avant. Un vraie multiplicité de machines, de techniques, de philosophies de la discipline et des moyens techniques pour l'affronter ! 90 % des marques présentes ont aujourd'hui disparues mais elles ont fait partie de la grande histoire. Choisir sa machine imposait de vraies connaissances techniques car chaque constructeur avait sa philosophie de conception. Pour faire une suspension arrière, en 1980 il y avait 10 versions différentes sur un départ de course, c'était plutot marrant vu qu'aujourd'hui toutes les motos se ressemblent !

Quel plaisir de retrouver tout cela avec, qui plus est, des machines dans un état si exceptionnel, au point que l'on entendra un spectateur dire " non mais elles sont refaites à neuf, ils peuvent pas aller rouler dans la terre avec ca !"

7 catégories et plus de 120 machines au départ

Les participants ont tous au moins une belle quarantaine d'années. Ils ont vécu cette époque en gamin réveur ou en vrai compétiteur ( on a revu certains bons Inters Français avec leurs machines d'époque ). L'enduro classique version Auroux est un hobby élégant, pas une compétition de pilotes refoulés.

Ils ont tous en point commun, ce plaisir de rouler avec une machine authentique dans une nature sauvage et majestueuse.

En tout, ce sont 7 catégories différentes qui prennent le départ, des pisses feu 50, 70, 80 aux motos entre 86 et 89; avec plus de 120 motos engagées.

Quelle attaque !

Les motos sont belles, mais ce sont de vraies machines de compétition, alors, pas d'économie, quitte à les sortir du garage autant s'en servir pour de vrai ! Attention ça attaque encore fort.

Placez vous en spéciale et regardez une XR sauter sur une pierre, un Suzuki PE jaune sortir de la trajectoire au freinage, un 80 Fantic plonger entre deux pins sur un excès d'optimisme, écoutez la voie rauque d'un 490 Maico et comparez là avec les hurlements d'un 50 AIM  !

Auroux, c'est pas juste joli, ça attaque grave dans toutes les cylindrées du 50 à la 500 !

Un bel esprit !

Auroux, c'est un peu le paradis de l'enduro classique, avec un rythme raisonnable pour les machines et leurs pilotes : 2 boucles de 60 km, une spéciale chronométrée superbe tracée dans un vallon visible de tous les spectateurs.  Il n'y a qu'une seule spéciale histoire de rigoler un coup, mais le respect de motos de plus de 30 ans ( et de leurs pilotes de plus de ..ans ) prédomine. Plus que la compétition pure et dure, les engagés partagent le plaisir de montrer aux copains la restauration réussie de leur dernière trouvaille

L'idée est plutot celle d'une belle balade dans un paysage Lozérien magnifique pour aérer efficacement sa machine préférée. Auroux est au coeur du berceau de l'enduro Français entre Le Puy, Brioude, Mende ...autant de noms mythiques pour un cadre exceptionnel.

Bravo à l'équipe d'organisation pour le maintien de cet esprit intimiste et super sympa qu'il y avait aux débiuts de l'enduro rétro il y a une bonne dizaine d'années !

Venez à Auroux !

Alors, l'an prochain, si vous voulez découvrir un joli coin de nature pour les vacances surveillez les dates de cet enduro.  Vous expliquerez à votre femme que le train Cévenol est idéal pour découvrir les gorges de l'Allier, que le viaduc de Chapeauroux est une merveille du génie civil, que la Lozère c'est beau et sauvage, et Oh miracle du hasard, vous tomberez sur une course de motos classiques ....

Prétextez ce que vous voudrez, mais ca vaut vraiment le coup ne serait ce que pour écouter une Simpson rarissime maltraitée à coup d'embrayage au fond des bois. Magique.