Yamaha Classic Service a été créé il y a un an et pour fêter cette première bougie, une sortie a été organisée sur les petites routes de Bourgogne durant une journée, pour se rendre aux Coupes Moto Légende sur le circuit de Dijon-Prenois et d’y exposer ces motos sur le stand Yamaha.

Histoire d'une plongée dans l'histoire

Sublime idée ! A la descente du TER à la gare de Joigny, un endroit qui existe vraiment mais dont on croyait que cela n’était plus possible qu’en cartes postales, en décor de cinoche, en rêve ou sur les tableaux de Monet ? C’est la ville d’où partent les bateaux de location qui veulent « faire » le Canal de Bourgogne. La gare SNCF,  même Disney n’en fait pas d’aussi belles, la petite place, les arbres, le calme, le soleil et sur le trottoir, alignées et fières comme à la parade, vingt motos cultes de l’histoire de Yamaha… Tout ça pour nous, journalistes, et Motoservices, en l’occurrence votre serviteur y était ! Avec en plus deux Champions du Monde, Christian Sarron et Steve Baker, acceptant le temps d’une journée de rouler façon touristes avec des journaleux croyant qu’ils roulent vite ! 

Yamaha Classic Service, alias YCS, c’est une idée géniale au demeurant, sachant qu’il ya dans l’histoire de  Yamaha une cascade de motos cultes,  le concept YCS permet à ceux qui veulent restaurer ces déesses endormies de trouver des conseils, des infos… et des pièces !


Encore un stock de pièces chez Yamaha

Il se trouve, et je le sais de source sûre, le nouveau boss de Yamaha Motor France, Vincent Thommeret,  est l’ex patron des pièces détachées, l’info vient de lui, que Yamaha possède encore un nombre important de pièces de modèles parfois très anciens de la marque. 

Vincent Thommeret : « En un an, Yamaha Classic Service (YCS) a permis de remettre en circulation une quarantaine de « belles anciennes ». En effet, dormaient dans les granges ou les garages, religieusement conservées sous des bâches ou en partie désassemblées, de belles montures d’un autre temps, mais d’une grande valeur affective pour leurs propriétaires. Nous avons voulu réunir ces propriétaires et des mécaniciens compétents, spécialisés, enthousiastes, qui possèdent l’expertise et le savoir-faire nécessaires pour redonner une seconde vie à ces motos qui ont fait l’histoire de Yamaha et qui peuvent encore continuer à rouler... Et oui, une Yamaha ne  s’arrête jamais  ! Plusieurs XS-650, XT-500, FJ-1100 et même une HL-500 ont par exemple été restaurées. Si vous êtes prêts à remonter un peu le temps, n’hésitez pas à contacter les ateliers spécialisés du YCS pour leur parler de vos projets et de vos rêves ; entre passionnés, on arrive toujours à s’entendre et à se comprendre… »

En tous cas, grâce à YCS, depuis un an, une quarantaine de très belles motos ont été restaurées et roulent, plus celles qui appartiennent en propre à Yamaha Motor France, qui sont restaurées par ce génial artisan-artiste- qu’est Christian Caillon, qui était avec nous lors de la balade, et pour cause, c’est lui qui a refait  ces motos à neuf, ce sont des bijoux ! J’ajoute que ce garçon, outre ses compétences techniques énormes et pointues comme le Cervin, est aussi un monument d’humour, celui que je préfère, dit « à froid »… de la passion à l’état pur.

Plus on est de fous plus on rit !

Et des passionnés, il y en a dans le groupe, il n’y a même que ça… Des dingues d’aiguilles de carbu… Des fous du contre écrou…Des bibles de l’histoire de la marque… Des champions qui découvrent, parfois un peu étonnés comme Steve Baker, la façon dont nous vivons notre passion. Baker qui par ailleurs est d’une suprême élégance de pilotage quand il attaque…  Un mec comme Sarron, lui, adore rouler, il sait aussi prendre des trajos sublimes, en revanche, il déteste attendre, et un groupe de journaleux, entre refaire le monde, s’échanger les meules, casser une collerette d’échappement (moi…), faire des photos où l’on soit en même temps en groupe et tout seul pour pouvoir se la péter un peu, bouffer, mettre un temps infini à remettre casque et gants et démarrer (la fameuse règle qui stipule qu’un groupe va à la vitesse du plus lent…) c’est agaçant comme la tortue de La Fontaine… Il a plus de tendresse pour ceux qui roulent lentement… 

Le plus lent ? Sur la route c’est moi ! Parce qu’ étant de culture tout terrain, j’aime tout ce qui n’est possible qu’à des géants du pilotage routier, glissades et virages serrés pris roue AR bloquée, je ne sais donc pas faire tout ça sur bitume, et en plus dans le TT on est des contemplatifs, des qui aiment regarder les vaches charolaises cavaler, humer l’odeur de bois coupé dans les forêts, regarder le ciel pour sentir arriver le soleil entre les nuages, éventuellement constater qu’un Sarron en attaque (légère, on est sur route mais ça sinue un max, c’est superbe !) ou un Baker en découverte de motos qu’il ne connaît pas, c’est la grande couture du pilotage moto. 

125 Yamaha érotique

Il y a aussi le fait que j’ai choisi ma cavalière pour la journée, une 125 AS2 de 1969 (commentaire immédiat de Christian Caillon « tu sais que t’as une moto érotique ! »), qui me permettra outre de me repasser en boucle, dans la tête, Birkin et Gainsbourg chantant « 69, année érotique », de me faire une grande initiation, la route en 125, du jamais vécu pour moi. 

Avantage évident, pour les contemplatifs, si une courbe arrive un peu vite, on rend la main et on est tout de suite à 60… 

Didier Meyer, boss de ce site Motoservices que vous lisez chaque jour avec délectation, me dit que les 125 ont beaucoup moins d’accidents que les autres. Il y a une vraie logique à cela, d’abord on part moins en sucette en courbe, et ensuite il est facile de couper ! Enfin, pour avoir roulé sur des routières énormes où moi plus la moto plus le plein on approche les 350 kg, et donc où le contemplatif est moins facile, pour avoir aussi fait de la route sur de gros trails qui se pilotent un peu comme sur les pistes du désert, la route en 125, légère comme une plume, c’est une délicieuse initiation. 


Un parfum d'authenticité

En plus, un deux temps qui a quarante ans, restauré plus neuf que neuf, ça attire les regards, je me suis aperçu, en approchant de Dijon, il y avait des motards par centaines sur les routes, que ma petite mignonne était très convoitée ! 

Enfin, j’ai retrouvé les sensations sublimes du deux temps… Quelques lignes de vieux con, vous pouvez sauter le paragraphe si vous ne savez pas ce qu’était la douceur de vivre, mais les tours qui montent en folie avec un bruit qui vous dit à quel point votre 125 est en orgasme, pas de ces quatre temps modernes insipides, enfin par rapport à ce qu’a été le deux temps. Moteur fabuleusement remis à neuf par Christian, dans les bouts droits, j’hésitais à mettre la poignée dans le coin sur dix bornes d’affilée, grandes courbes incluses, mais on m’a dit d’y aller, je l’ai fait, et ça a tenu… 

Et puis Joel Zerbib et Didier Ganneau, entre autres, m’ont fait bénéficier de leur « aspi », quand tu passes le 120/125 en pensant que tu vas prendre le moteur dans la gueule et que le moteur en fait, il ne veut que ça, envoyer, voilà, grand pied assuré… 

Et puis, quand dans les villages, au feu rouge, les grosses cylindrées modernes viennent à ta hauteur et te disent que c’est génial de te suivre parce que tu sens bon, là cher lecteur, le roi n’est pas ton cousin ! Bref, je me la suis pétée, ce qui ajoute encore du piment à ce voyage initiatique. 


Découverte de l'eau qui monte

J’ai aussi découvert le secret du Canal de Bourgogne : ouvrage phénoménal dont les travaux ont commencé sous Louis XIV, il monte, passe un col et redescend grâce à presque 200 écluses.

Sauf qu’au bout de peu de temps, je me disais qu’il ne peut plus y avoir d’eau en haut… et il y en a… 

Miracle ? 

Non, réservoir, que nous avons découvert, cadre idyllique, eau turquoise, soleil rasant, moment de bonheur absolu, Laurent Benchana, le photographe de l’expédition,  a évidemment sorti les « glingues », le cameraman a même fait voler le drone pour nous filmer de haut… (Voir vidéo en fin de papier…) 

Bref moment magique. 

Pour les fanas de tourisme, les routes du coin sont sinueuses à souhait, et l’on traverse des endroits de folie, des villes comme Semur-en-Auxois, alors parée comme si le duc de Bourgogne  y faisait visite au XIIIème siècle, ou un village médiéval que je ne connaissais pas, la honte soit sur moi, Noyers sur Serein, qui est un endroit qui vaut le détour à lui tout seul, il y avait d’ailleurs des dizaines de motards aux terrasses… Succès de notre petite caravane assuré, et en plus quand on s’arrête, que tout le monde enlève le casque et que l’on se rend compte que Sarron est avec nous, on devient l’attraction du jour !