Si si, c’est bien autour des 15 000 tours que le rupteur va couper votre élan… bluffant ! La NC 30, petite sœur de la fameuse VFR 750 R, n’est pas une petite 400, c’est un joujou extraordinaire !

RC 30 miniature

A trois pas, vous voyez une RC 30. Monobras, double optique, allure générale. Il faut un œil entrainé pour remarquer la selle passager de la 400 et la déco différente. Vous vous approchez, et là, la différence majeure apparaît : l’échelle. Petite, la NC 30 a été dessinée pour le Japon, où les gabarits ne sont pas ceux des Européens. Tout est réduit de 20 %. Mais cet effet d’optique explique en grande partie le sex appeal de la NC 30. Et ça, c’est avant de rouler avec…

Une moto de sport mythique, c’est ce que vous avez sous les yeux. Elle fleure bon les RVF d’usine qui ont couru à Suzuka ou au Mans.

La magie du marché japonais, c’est d’avoir enfanté des merveilles en réduction (250 ou 400) pour répondre aux utilisateurs locaux. Moralité, la NC 30 est sans doute la plus belle expression de l’hypersport en réduction à sa sortie en 1991. Et aujourd’hui encore on n'a rien fait de mieux dans cet esprit ! 

Une 400 ? Vous êtes sûrs ?

Franchement, ce n’est pas une petite moto au rabais, loin de là. Le soin et la qualité de fabrication n’ont rien à envier à la « grosse » 750 ultra célèbre. En fait, la NC 30 est exactement au même niveau que la RC 30. C'est vous dire ! La silhouette, le cadre alu de type diamant, le monobras et le logo V4 font fantasmer. Mais avec les pneus radiaux, le double disque de 296 mm avec étriers à 4 pistons, l’échappement tout inox, le V4 de 399 cm3 et un compte-tours gradué à 15 000, on ne rit plus !  Soixante chevaux sortent de ce V4 microscopique incrusté dans le cadre à double poutre. Soixante chevaux pour 399 cm3, ça fait plus de 150 ch/litre. Plutôt très élevé comme rendement mécanique, cela situe la NC 30 dans la catégorie des hypersportives ultra performantes de l’époque (une RC 30 atteint, elle, les 166 ch/l).

La béquille racing, la jante nue côté monobras, le petit disque arrière planqué entre jante et couronne, le bossage du réservoir, les deux feux rouges carrés, c’est une vraie moto sortie d’une course d’endurance. A l’époque, elle arrive en France sans marché devant elle, le permis 400 a disparu, et elle est trop chère pour s’inscrire en Promosport (limite de prix !). Honda la destine juste à  exprimer sa technologie et son prestigieux savoir-faire même en réduction ! Haut de gamme comme engin, à commencer par un tarif de vente prohibitif : 59 939 F, l'équivalent d’une GSXR 750...

Mais si on masque le 400 de la selle, qui devine sa cylindrée ?

 

Petit mais costaud !

Les commandes idéalement placées ne cachent pas un point : la moto est petite, le réservoir court, et on se retrouve à l’étroit selon son gabarit (la NC 30 est parfaite jusqu'à 1,75 m). Avantage, on déhanchera mieux (on le verra plus tard) !

Starter planqué dans le flanc gauche du carénage, un doigt sur le démarreur et le V4 se réveille, avec le bruit caractéristique des V4 Honda calés à 360°, son sifflement d’engrenages et une voix plus aigüe que celle de la 750. Sur la béquille, l’inertie semble faible, et l’aiguille s’affole à la moindre rotation.

L’enclenchement de la première claque. C’est le point le plus négatif de la NC 30, la boîte est dure. Le micro V4 est bluffant dès les premiers mètres. Il est rond, élastique et la NC réagit à chaque coup de gaz. Pour un si petit bloc, il fait preuve d’une belle consistance. La première est super longue comme sur une boîte racing.

De 8 à 12 500...

A 8000, changement de ton, la poussée se renforce, on passe de la souplesse des V4 Honda à la puissance pure. Les 60 ch sont atteints à 12 500 tours et l’aiguille semble y bondir. Pour l’efficacité, il faut alors changer de vitesse. Pour le fun, vous restez ouvert en grand jusqu’à 14 500 juste avant le rupteur. Le son du moteur est hyper excitant, l’aiguille est dans les hautes sphères, la magie opère ! Ça y est, vous êtes à Suzuka !

Honda réussit à rendre ce moteur étonnament efficace et utilisable malgré sa faible cylindrée : un très beau coup technique !

Côté châssis, la recette vue sur les RVF d'endurance ou la RC 30 fonctionne parfaitement. La moto est compacte, saine, stable, freine superbement bien d’un seul doigt. Avec un faible poids (moins de 200 kg) et une position très en avant (la tête au-dessus de la roue), on entre très fort en courbe avec une confiance aveugle dans ce train avant rivé au sol à la précision de bistouri. Quel outil !

Un outil de précision

Comme la moto est petite, vous déhanchez sans forcer, une cuisse en appui dans le décrochement mode racing du réservoir, et voilà que le pilote en vous se laisse porter. Déhanché, sur l’angle, vous ouvrez en grand grâce à la disponibilité du moteur et à l’adhérence offerte par la roue arrière, vous montez jusqu’à 14 000, passez le rapport à la volée la tête nichée dans la bulle. Un vrai quart d’heure de défoulement avec une moto au niveau de sécurité assez incroyable. La NC 30 est de ces rares motos qui vous laisse vous concentrer, vous appliquer sur votre pilotage en vous facilitant la vie à chaque seconde. Le moteur qui tracte immédiatement, la partie cycle facile, comme dans un rêve.

Evidemment vous allez avoir envie de faire du circuit… Dommage d’y abîmer une NC 30 rarissime et dont la cote est à la hausse ces temps-ci. Certains en font venir d’Angleterre pour rouler en VMA avec grand bonheur !  

La puissance mesurée et la rondeur du moteur sont des atouts incroyables au quotidien. Vous pouvez piloter, vite, proprement, avec de l’application et tout cela sans vous retrouver à des vitesses impossibles à gérer sur route ouverte. Là, la petite cylindrée de la NC 30 est un grand avantage. 

Moto de rêve

En descendant de la VFR 400R, ça ne manque pas une seule fois : vous en voulez une ! Un outil de pilotage pur comme celui là, avec autant de facilité et de disponibilité, c’est rare. Le tout avec une bouille ultra prestigieuse, un niveau mécanique hors du commun, et un comportement parfait... Pas étonnant que les prix flambent ! Elles se sont très peu vendues à cause d’un tarif prohibitif, et en trouver une entière et d’origine devient un peu compliqué. Reconnue sur le tard, certes, mais enfin reconnue à sa juste valeur, et largement au-dessus de sa seule cylindrée !

Les plus
  • Exclusivité
  • Beauté technique
  • Pilotage
  • Comportement chassis
Les moins
  • Boîte dure
  • Petit gabarit
  • Les prix montent !
Équipement
Vidéo: