Cette semaine, j'essaye une Ducati 888 de 1993. Je vous raconte pourquoi cette moto est importante...

Elle a eu une carrière assez courte, cette 888 : produite seulement en 1992 et 1993, elle s'inscrit dans la lignée des mythiques sportives Ducati, et prend place entre la 851 et la 996. Elle mérite cependant qu'on ne l'oublie pas ! 

Ducati 888, sa vie, son œuvre

Ducati fait des motos qui gagnent des courses, c'est bien connu. Enfin, pas toujours. Car dans les 70's, on a bien entendu eu la victoire fondatrice de Paul Smart à Imola en 1973, préambule à la lignée des 750 SS. Puis celle, tout aussi retentissante, de Milke Hailwood au TT de 1978. Et puis après, plus grand chose.

Alors que le Mondial Superbike se fonde en tant que championnat du monde en 1988, Ducati y voit l'opportunité de briller à nouveau. La marque de Bologne entre au Bol d'Or 1986 avec un prototype équipé de 4 soupapes par cylindres et d'un refroidissement liquide. Elle se concrétisera par la 851 de 1988, dont la 888 est une émanation : d'ailleurs, les dernières versions de 851 (les SP2 de 1990) cubaient en réalité 888 cm3.

En bonne logique chez Ducati, cette 888 a aussi connu des déclinaisons plus performantes, les SP4 et SP5. La 888 a connu la consécration avec le titre de champion du monde de Superbike de Doug Polen en 1992, faisant suite à ceux de 1990 et de 1991 obtenus sur une 851 respectivement par Raymond Roche et ce même Polen et en annonçant 5 autres (1994 - 95 - 96 - 98 - 99) avec la saga des 916 et assimilées, dont un avec Troy Corser et quatre avec Carl Fogarty. 

Ducati 888, 3 choses qui m'ont fait kiffer

Elle a plus de 25 ans, et pourtant, reprendre le guidon de cette machine reste un grand moment. Voici pourquoi : 

  • La sonorité : équipée des Termigoni en carbone d'un diamètre de 50 mm, cette 888 ne va pas apaiser vos relations avec le voisinage. Mais la sonorité est juste fantastique : grave, profonde, on a l'impression d'animer l'orchestre des Tambours du Bronx à chaque rotation de la poignée. Se sentir propulsé en avant, avec force, et avec une bande son pareille, ça ne vous donne pas envie d'une moto moderne ! 
  • Le moteur : certes, par rapport à un twin moderne, il ne prend pas tant de tours que cela. La puissance est délivrée à 9000 tr/mn, la zone rouge est à 10 000, mais sur ce modèle fortement kilométré, on sent qu'à 8500, l'essentiel a été dit. Pareil, le couple (78 Nm à 6800 tr/mn) parait peu élevé sur le papier. Pourtant, la vigueur est toujours là et avec cette vieille sportive, on peut quand même perdre son permis en trois secondes ! 
  • Les sensations : c'est un camion, elle est peu agile, mais elle est imperturbable dans les grandes courbes. Signé Brembo, le freinage n'a pas tant vieilli que cela et permet de se faire plaisir sans trop d'arrière-pensées. Et comme tout, sur cette moto, vous retransmet des sensations absolument sans filtre, chaque kilomètre à son guidon reste un moment de bonheur. 

Une Ducati 888 aujourd'hui : combien, comment ?

Il n'y en n'a pas eu beaucoup de commercialisées en France et les survivantes en bel état se font rares. Elle valait 95 500 F en 1993 (une 1000 sportive japonaise valait alors un peu moins de 60 000 F) mais cela n'a pas d'impact sur une cote qui reste raisonnable au vu des qualités de l'engin et de sa rareté : comptez de 6 à 7000 € pour un exemplaire en très bon état.

Avec le temps, on surveillera l'état de l'embrayage et de la pompe à eau, et les révisions doivent avoir été faites (vidanges, courroies). Quelques problèmes électriques sont possibles (fusibles, régulateur) mais la 888 n'a pas été affectée des problèmes d'usinage des basculeurs qui ont touché les 748 et 916 suivantes.

Quelques chiffres clé :

  • V2, 888 cm3, 94 x 64 mm
  • Injection Weber
  • 100 ch à 9000 tr/mn
  • 78 Nm à 6800 tr/mn
  • 202 kilos à sec
  • 240 km/h