Cette semaine, j'ai essayé une Aprilia 6.5 Moto. Je vous raconte pourquoi cette moto est importante.

Elle a subi la risée de la presse de l'époque, mais a fini par être exposé dans les plus grands musées d'art contemporain. Jolie revanche pour une marque qui souhaitait se diversifier sa gamme et probablement, faire un coup d'éclat. Aprilia veut proposer une machine simple, basique mais stylée, essentielle, en somme. Et pour cela, elle s'attache les services d'un grand nom du design : Philippe Starck. 

Aprilia 6.5 Moto, sa vie, son oeuvre

Avec le recul, il faut reconnaître que le succès de l'opération fut malgré tout assez mitigée. Certes, elle a fini au musée Guggenheim de New York, ce qui n'est pas donné à la première Transalp venue. Mais entre la matière plastique abondamment utilisée, les formes douces (Starck, le designer, disait qu'il fallait rompre avec cette époque où les motos étaient composées, entre autre, "de fausses Paris-Dakar pour faux Thierry Sabine ou de fausses motos de compétition pour faux champions du monde". Pour lui, la moto devait être "le prolongement harmonieux du corps") et les coloris utilisés, assez inhabituels, la Moto heurtait le monde motard, que l'on sait un tantinet conservateur. De fait, elle n'a été produite que de 1995 à 1997, mais de nombreux invendus ont hanté le carrelage des concessions jusque dans les années 2000... 

Aprilia 6.5 Moto, trois choses qui m'ont fait kiffer

Malgré le manque d'image de l'engin, se retrouver au guidon d'une Aprilia 6.5 Moto est une expérience que l'on n'oublie pas. Et voici pourquoi : 

  1. Déjà, c'est quand même sacrément bien dessiné : entre le réservoir arrondi, le radiateur bien intégré (un peu comme la calandre d'une ancienne Bugatti) et l'échappement qui suit la courbure inférieure du cadre, c'est propre. Dans cet univers, le tableau de bord façon jouet Playskool dénote un peu. 
  2. La position de conduite est celle d'un trail dont la hauteur de selle serait raisonnable (810 mm), la selle est épaisse, on est assis bien droit. Parfait pour la balade.
  3. En ville, c'est un vrai vélo. Pas très lourde, super agile, elle est efficace, d'autant que le moteur Rotax à refroidissement liquide et 5 soupapes a une bonne petite patate. Par contre, la mauvaise réputation de la tenue de route est justifiée : cette moto est dangereuse au-dessus de 130 km/h, elle est trop vive et pas stable. Les Dunlop d'origine étaient nuls, avec des Metzeler, ça s'améliore. Juste un peu. 

Une Aprilia 6.5 Moto aujourd'hui : combien, comment ?

Produite à environ 5000 exemplaires, la Moto n'est pas si rare. Sauf qu'elle vieillit mal si elle est mal stockée : les plastiques jaunissent au soleil, le carburateur se dégrade avec l'inaction, les clignotants finissent par casser. Evidemment, on ne trouve plus aucune pièce d'habillage. Bref, un modèle parfait pourra prétendre à 4500 € (mais il faudra trouver LE type qui la veut), un exemplaire moyen végète à 2000 €. 

Quelques chiffres clé :

  • monocylindre Rotax, 649 cm3, 100 x 82,7 mm
  • carburateur Mikuni, 40 mm
  • 42 ch à 6250 tr/mn
  • 53 Nm à 4500 tr/mn
  • 150 kilos à sec
  • 150 km/h