Yamaha n'en est pas à un concept près. La marque s'est toujours singularisée par des modèles porteurs d'un esprit différent : XS 650, XT 500, DTMX 125, 350 RDLC, V-Max... La TDR 250 fait partie intégrante de cette grande famille de motos qui inaugurent de nouvelles voies !

Les hasards du mélange.

A quoi caractérise t-on une sportive ? Un moteur puissant, exclusif, pointu.  De gros freins de 320 mm de diamètre, des pinces de freins à 4 pistons.

A quoi reconnaît-on un trail ? Des pneus à tétines, un grand guidon, un châssis surdimensionné sur des suspensions à grands débattements.

Rien à voir n'est ce pas ?

Eh bien maintenant, mélangez le tout ! Vous avez une TDR.

Sur le réservoir il y a marqué "ULTIMATE DUAL" : ça sent la bataille finale ! 

TDR : Très délirante routière ?

Marier un twin 2 temps de route à une partie cycle de trail, c'était assez gonflé de l'imaginer ! C'était encore plus osé de le faire. Et pourtant, c'est le genre de pari que Yamaha affectionne par dessus tout :  un engin que personne d'autre n'a tenté.  

Donc mélange des genres au programme : moteur et freinage de circuit, suspensions, châssis, pots relevés, pneux et grand guidon de trail, habillage totalement inédit...  Voilà une TDR en résumé. 

A l'heure ou le supermotard est sous les feux de la rampe en France, JCO (Jean-Claude Olivier, patron de Yamaha France) tente un pari osé avec cette machine d'un tout nouveau genre. Le meilleur des deux mondes en quelque sorte. Mais pourquoi un twin 250 ? Il aurait peut-être été préférable de prendre le moteur des 350 RDLC, plus rempli, car un supermotard, ça doit avoir un moulin plein, coupleux. Les supermots sont contruites sur des monos 500 de cross, certes impossibles à faire vivre sur la route, mais un 250 twin c'est vraiment très éloigné ! On verra plus tard. 

Résultat : 44 chevaux à 9000 tours, un espoir de souplesse avec les valves YPVS rotatives à l'échappement, un grand guidon pour contrebraquer, des pots relevés avec un dosseret qui cache les deux silencieux en position haute (que beaucoup vont ensuite copier, Ducati 916 en premier), la TDR a une jolie bouille inédite. Ses pots qui se croisent devant le moteur, un gros radiateur, une petite bulle en haut de la tête de fourche façon Paris-Dakar, une selle qui remonte sur le réservoir comme une YZ, un gabarit pas si réduit que celà, elle promet d'etre super marrante. Ses instruments sont répartis un peu partout : compte-tours devant votre bassin sur le réservoir (il ne sert à rien, faut conduire à l'oreille : à fond ! ) un compteur décentré en position normale, et des voyants sous la bulle en haut du carénage. Comme si on avait oublié ça en route et un peu tout jeté au dernier moment.  

Faites cirer

Pour démarrer le 240 (obligation légale française pour avoir la petite TVA, la TDR fait bien 250 cm3 à l'étranger), facile : on relève le repose-pied, et on appuye sur le kick à la main tant la compression est faible. Le petit twin réagit immédiatement. Ça crépite, on croit entendre une TZ en plus étouffé. En selle, le grand guidon tombe sous la main et les mecs du tout-terrain ne seront pas surpris. Les bitumeux si !  

Première, on embraye... et on cale.  Grossière erreur ! Un TDR, Monsieur, ça s'acompagne comme une TZ de circuit ! Souple peut être, couple certainement pas. Moralité, soit vous faites patiner l'embrayage en ouvrant les gaz, soit vous restez sur place. C'est drôle là tout de suite, ce sera énervant tout à l'heure au feu rouge quand il faudra coller l'aiguille sur le 7000, ou simplement pour escalader un trottoir ! Vous n'avez pas vu la fiche technique, les chevaux sont à 10 000 et le couple à 9600 ! 400 tours d'exploitation, c'est largement assez pour votre talent ! Non ? 

Première, deuxième, vous roulez sous les mi-régimes. C'est pas un 250 c'est un 125. La moto est légère, la prise en main simplissime. Mais ce truc n'avance pas !  Et en plus le frein avant manque un peu de mordant, normal ils ont pensé que vous alliez rouler dans la terre. Les scooters vous doublent entre les voitures...

Bon faudrait que ça bouge, l'aguille du compte-tours doit grimper maintenant (vous ne la voyez pas sinon il faut baisser la tête presque autant que quand on fait pipi. Moralité, c'est soit le trafic, soit le compte tours !), vous tournez la poignée, bof rien ne se passe. Décevant.  

Le moteur va émettre un petit ratatouillis comme si la carburation était trop riche, hésite un peu, puis le son s'éclaircit et ça explose. Soudain une déferlante arrive, ça hurle, ça pousse une fraction de seconde, le film passe en avance rapide et hop ca régule. Zut ! 10 000 tours, faut en remettre une ! Voici en résumé comment pousse un TDR quand on le subit. Qu'est ce que c'est que ce truc ? 


Toi pilote ? Moi TDR !

Sinon, il y a l'autre méthode. Version guerrier. Rien ne vous impressionne vous, le pilote refoulé. Un doigt sur l'embrayage, les gaz ouverts à fond. La mission est simplement de maintenir le TDR entre 7 et 10 000. 

Et là tout change. La TDR est fun, drôle, précise, rapide. Cet essaim de guêpes qui vout suit (les silencieux sonnent bien dans vos oreilles et parfument votre dos à l'huile deux-temps) vous énerve encore plus ! Un doigt sur l'embrayage pour relancer, on rétrograde deux rapports à chaque fois qu'on coupe les gaz (on réfléchit pas, c'est automatique) et le petit twin fait le reste ! 

En fait il n'y a qu'une position sur la poignée de gaz : ouverte en grand. Pour le reste, c'est l'embrayage et la boîte qui rythment la partie.  Le châssis est largement au-dessus de tout ça. La fourche encaisse, le monocross accepte. Le freinage demande de la poigne, les disques Yam n'ont jamais trop eu de mordant, la TDR n'y échappe pas. 

Moralité, la bonne option est de choisir le terrain de jeu adéquat : la ville ? Ça se tranfsorme en jeu vidéo. La petite route qui virevolte ? Pas trop d'épingles et ça sera parfait ! La TDR est limite insuivable. Le grand guidon vous permet de dominer la situation, le corps en avant, vous sortez le pied façon enduro ou le genou façon Grand Prix comme bon vous semble. Vous pouvez même arriver roue arrière bloquée et ressortir à grands coups d'embrayage comme en tout-terrain ! Joui-ssif ! 

Les routes plus rapides ? La TDR prend 180 mais ce n'est pas son meilleur registre ! Vous n'aviez pas remarqué les deux grosses poignées noires sur le dosseret ? Mais si, c'est juste pour que votre passager ne soit pas éjecté durant la crise de nerfs ! 

Raté ou éclaireur ?

Alors, deux manières de voir les choses : Une machine indomptable franchement ratée ? Un engin excitant comme aucun autre pour qui sait s'en servir ? En tout cas, les deux camps ne se réconcilieront jamais, c'est sûr ! Pourtant, en 125 la TDR a fait de sacrés scores de vente, et puis... Et puis elle a engendré une race de routière qui fait encore défaut à Yamaha aujourd'hui : la 850 TDM est une grande TDR avec juste un moteur exploitable. Eh oui, ce petit twin 2-temps, s'il avait eu plus de couple, tout aurait été différent ! Mais en même temps, ce caractère on-off hyper exclusif, c'est pour ça qu'on l'aime !

Les plus
  • Explosion entre 8 et 10 000
  • Vivacité générale
  • Bruit dans les tours
Les moins
  • Rien avant 6000
  • Difficile à trouver non modifiée
  • Fragilité des plastiques
  • Pénurie de certaines pièces chez Yam (habillage)
Équipement
Vidéo: