Extraordinaire chef d’œuvre de la miniaturisation , la Benelli 254 est méconnue, et c’est vraiment dommage tant l’essai de cette micro machine nous a enthousiasmé !

Benelli est une marque Italienne connue et réputée. Plusieurs grands noms de la compétition se sont illustrés au guidons des machines vertes et grises et plusieurs titres et victoires ont parsemé la route des machines de Pesaro .

Mais l’économie va mal, autant la course est une chose autant les ventes de machines de route en sont une autre.

 Au début des années 70,  De Tomaso,  industriel argentin, rachète 85 % des parts de Benelli alors au bord de la faillite et relance une nouvelle gamme plus moderne, des 125 et 250 cc en 2 temps, les 350 et 500 4 cylindres en 4 temps, suivis par la 750 six cylindres.  Le prestige de la marque est encore vaillant, il n’y a qu’à lui redonner des produits en phase !

 Et l’action de De Tomaso est plutôt  convaincante ! C’est Henry le propriétaire de la macihine qui nous conte la belle histoire :

Génèse d'une merveille mécanique !

«  En 1975 après la 500 puis la fameuse 750 Sei, l’idée d’étoffer la gamme des 4 temps par le bas, en étudiant la possibilité de commercialiser une 250 quatre cylindres qui deviendrait, ainsi , la plus petite cylindrée fabriquée de série à l’époque en quatre cylindres.

Mais le renouvellement complet de gamme et la relance de la marque avait coûté cher, il fallait donc produire cette nouvelle machine à moindre coût. La genèse de la machine va ainsi répondre à deux impératifs : une production industrielle en utilisant les chaînes existantes, tout en mettant à profit l’expertise de Benelli en matière de moteur 250 cc 4 cylindres.  

Moto Guzzi s’apprêtait à ce moment-là à commercialiser une 125 4 temps 2 cylindres  pour laquelle la chaîne de montage était prête. Un petit joint-venture industriel entre les deux maisons, on garde le cadre et partie-cycle Moto Guzzi, on demande à Benelli de greffer deux cylindres supplémentaires au moteur, De Tomaso y va de sa patte pour le design novateur pour l’époque (usage de l’ABS, compteur compte-tours sur le réservoir, ligne très personnelle), on fait bouillir le tout sur la chaîne de production initialement prévue pour la 125 Guzzi, et on présente ainsi en 1975 le premier modèle de la lignée : la Moto Guzzi 254  (voir photo n° 2) ! A noter que le signe 254 n’indique pas la cylindrée, comme on pourrait le croire de prime abord, mais est le libellé contracté de 250 – 4 cylindres (la cylindrée exacte s’établit à 231,10 cc, comme le 2 cylindres 2 temps, essentiellement pour échapper à la « taxe de luxe » frappant à l’époque les machines de plus de 240 cc, en France notamment !)

La production va rapidement s’étoffer de la Benelli 250 Quattro (habillage spécifique à ce modèle, voir photo n° 3), suivie de la Benelli 254 (nouvelle décoration, tête de fourche, réservoir en alu sous le cache plastique et non  plus en ABS, voir photo n° 4). Quelques modèles seront également commercialisés sous la marque Motobi, à l’initiative d’un frère dissident de la fratrie Benelli qui capitalisait ainsi ses succès en course (photo n° 5).

C’est bien au savoir-faire de Benelli en matière de moteur 250 quatre cylindres qu’il faut attribuer la paternité du moteur de cette moto. Il faut en effet se souvenir qu’avant la 2ème guerre mondiale (en 1939), Benelli avait déjà mis au point un 250 quatre cylindres 4 temps à compresseur et à refroidissement liquide qui développait 52 Ch et dépassait les 225 km/h à 10.000 tours ! (soit, dit en passant, plus de vingt ans avant qu’Honda n’engage une 250 4 cylindres en course). La 2ème guerre mondiale mettra en sommeil l’activité moto de la marque, et c’est en 1960 que Giovanni Benelli et Savelli, l’ingénieur en chef de l’usine, présenteront un nouveau et fabuleux moteur 250 : 4 cylindres, huit vitesses, 16.000 tours ! Ceux qui ont entendu Pasolini tourner avec s’en souviennent encore avec émotion, et c’est aux mains de Kel Carruthers que cette machine connaitra la consécration en 1969 en devant championne du monde, devant … les Japonais ! »

 

Franchement bluffante !

Microscopique la 254 l’est . Toute petite moto, surtout dans cette version avec le guidon multipositions et le tete de fourche qui fait encore plus ressortir le coté compact de l’ensemble de la machine ! Le moteur fait moins de 40 cm de haut !

Le bloc d’instruments sur le faux réservoir étonne, mais plus tard la V Max reprendra ceci !  La selle d’un bloc moulé de mousse surprend. Un petit coup de démarreur électrique et le moteur résonne !  Quelle voix incroyable pour un 250 !  Une sonorité proche de la Honda Four en bas, mais surtout une voix qui s’éclaircit et rugit entre 8000 et 10 000 sans aucune inertie ……un vrai moteur de course ! ou est Hailwood ? je suis prêt !!!

Embrayage souple, boite assez précise, on se dit qu’il va falloir faire cirer pour décoller  avec un moteur aussi creux !  Que nenni , la Benelli est souple, bourrée de bonne volonté, et aussi surprenant cela soit il, on enchaine les rapports à 4000 tours et la mécanique répond sans faille ni temps mort ! Première surprise.

 On redescend 2 rapports, et on ouvre, là ……c’est le concerto !  Vif, le moteur grimpe à 8000 d’un trait puis explose littéralement jusqu’à plus de 10 000 tours avec un timbre de mégaphone sur le circuit de Charade !  Quelle santé, et surtout quel caractère !  Si vous avez des craintes sur la force d’un 4 cylindres de si petite taille, c’est perdu ! Un vrai moulin Italien, corsé, avec du peps et du caractère . L’anti thèse d’une 350 Four Honda par exemple ! Deuxième surprise !

 Minuscule, la machine se place plus vite qu’un battement de cil, avec son poids réduit, le freinage est plutôt  consistant, malgré le drôle de montage choisi par Benelli : le maitre cylindre est planqué sous le réservoir et la première partie de la commande ( du levier au maitre cylindre ) est confiée à un cable !

 La position pliée en 2 avec des reposes pieds aura tot vite fait de fatiguer les grands gabarits et on songe au Moto Guzzi l’avait commercialisée avec un guidon plat et sans tete de fourche.  Mais déjà telle quelle  la 254 peut traverser une ville sans encombre avec son moteur rempli comme un œuf et sa boite bien étagée.  Les commandes sont précises et les reprises toujours étonnantes pour un si petit bloc !

Racing spirit !

Pour vivre un moment inoubliable, i faut une route qui serpente, ou l’on peut se blottir derrière la petite bulle, maintenir le moteur entre 8 et 10 000, juste inscrire la machine dans les courbes d’un placement du corps, et c’est le Grand Prix. Un immense plaisir et surtout une immense découverte aussi proportionnelle à la micro taille de la moto et de son moteur ! Bien aplati derrière les compteurs on tutoie les 150 compteur à plus de 10 500 tours , whaou quelle pèche ! Rarement un engin n’avait autant fonctionné à l’opposé de ce que j’avais pu imaginer ! Quel moteur ! Franchement, cette moto est vraiment surprenante, et si Henri la met aujourd’hui en vente, il sait qu’il la regrette déjà ! Je vais sans doute lui faire une offre, meme si je suis bien trop grand pour elle ! Cherchez bien elle sera à vendre dans le …coin !

Les plus
  • Caractère moteur
  • Miniaturisation
Les moins
  • Gabarit
  • Rareté
Équipement
  • Démarreur électrique
  • Frein à disque
  • Jantes batons