La Yamaha SR est de retour, en 400 cette fois après avoir connu la gloire en 500 en 1978, dans la foulée de la célèbre XT500. Toujours vendues depuis au Japon, elle nous revient donc avec un peu de modernité comme l’injection et le frein avant à disque, mais garde son démarrage au kick… action. Elle est connue cette SR. Et nombreuses sont les allusions au passé qu ‘évoquent les motards rencontrés lors de cet essai. Témoin ce piéton lors de la séance photos : "C'est pour la vendre ? Super bécane, j'en ai eu une il y a longtemps, j'ai adoré !" Et non, c'est la nouvelle, ils la ressortent !

Le discours officiel de Yamaha, laisse parfois rêveur, surtout lorsque le constructeur aborde la "technologie éprouvée". Pour sûr : c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures brêles, dit-on. Enfin à peu de choses près. Yamaha a donc ressorti les gabarits du cadre tubulaire acier, les moules du réservoir, et revu légèrement sa copie pour la moderniser en trouvant des commodos à l'ancienne incluant pourtant tous les atouts de la modernité, dont une commande de feux de détresse. N'en demandons pas trop quand même : pas d'appel de phare à l'index, mais un allumage automatique des feux, et c'est la seule concession faite. Car elle reste toujours fidèle au petit monocylindre de 399 cm3 à refroidissement par air et simple arbre à came en tête, dont on ne peut pas dire que la puissance de 17,1 kW soit son principal argument. La douceur est plutôt au rendez vous avec un couple rendant le moteur très souple et disponible, capable d'enrouler à allure citadine sur les cinq rapports, ou presque. 

Démarrage à l’ancienne

N'oublions surtout pas un "petit" détail : pour 6 000 € le bout, on n'a pas de démarreur électrique, mais un bon vieux kick côté droit, sinon, ça ne fait pas original, ça coûte beaucoup plus cher à produire (développement d'un nouveau carter...), ça pèse plus lourd et ce n'est pas dans l'air du temps. Du coup, de deux choses l'une : soit on est en jambes et l'on n'utilise pas le décompresseur à main gauche, soit on cherche le point bas du piston directement sur le cylindre au moyen de la lucarne prévue à cet effet, on décompresse et on essaye de trouver la bonne technique. Et là, on peut encore se rater de temps en temps. A dire vrai, avec une SR400, il ne faut pas être pressé de partir, faute de ne pas partir du tout... A l'ancienne, on vous dit, la SR 2014 !

Nostalgie ?

Une fois en route, en revanche, on profite d'une position de conduite très agréable, d'un guidon plat au cintre prononcé et d'une selle basse (785 mm), ferme mais confortable, ainsi que d'un amortissement tout à fait agréable. Ce qui fait surtout plaisir, sur cette SR 400, c'est lorsque l'on attrape le levier de frein avant : la puissance et la douceur sont au rendez-vous. De même, la pédale de frein fait bonne impression lorsqu'elle actionne le tambour arrière. Ce freinage est en tout cas très efficace, largement plus que sur une W800 ! Il faut dire qu'il n'y a que 174 kg tous pleins faits à arrêter, et que l'on peut y mettre du cœur avant de bloquer. A ce titre, mention spéciales aux excellents pneumatiques à chambre à air d'origine : les Metzeler Perfect ME77, lesquels offrent à la fois confort, tenue de route et comportement très rassurant sur route mouillée. Toutes les modernes ne peuvent pas en dire autant, même avec leur pneus à carcasse radiale et tubeless. Le vieux, ça a du bon !

Elle se hâte lentement

Il ne faut pas longtemps pour se faire la main sur cette SR 400. Agile, efficace, tournant très bien, elle est intuitive à souhait et se laisse facilement mener. Pas de mauvaise surprise, l'amortissement toujours un peu ferme, assure une tenue de route et de cap impeccables. Certes, on a l'impression que le guidon est plombé à ses extrémités, apportant une sensation que la direction tourne seule lorsque l'on braque à fond. Assurément, la ville est un domaine dans lequel la SR est très à l'aise. On n'hésitera pas non plus à prendre les grands axes limités à 110 km/h, tant la vitesse de pointe de 125 à 140 km/h compteur (en fonction de la pente et du sens du vent...) et les bonnes relances apportent une certaine sérénité. Attention, ce n’est plus une sportive, comme elle pouvait l’être à l’époque et nos références ont évoluées depuis. Il n’en reste pas moins que l’on se fait plaisir au guidon de la Yamaha.

Belle, belle, belle comme le jour

Des plaisirs prolongés une fois que l'on descend de selle pour la regarder. Très joliment finie, elle arbore une belle paire de jantes en 18 pouces à rayons. La SR est également sobre avec son injection et ses 12 litres de carburant donnent de quoi parcourir au moins 300 km. Notons au passage que si le robinet d'essence a été conservé, il est symbolique : on ne doit aucunement le tourner et la réserve s'allume sur la très agréable (et rustique) instrumentation. Il y a longtemps que l'on n'avait pas vu de totalisateur journalier à rouleau ou encore d'absence totale de lucarne à cristaux liquides. C'est le cas ici : même la montre est absente. Plus simple, ce ne serait pas raisonnable. On peut être simple et ne pas oublier d'être civilisée : la SR 400 propose ainsi une petite trappe fermant à clef sur le côté gauche, laquelle abrite les outils dont on n'aura vraisemblablement jamais besoin, mais qui rappellent un temps que les moins de... 30 ans ne peuvent pas connaître.

Le prix des plaisirs d'époque

Si elle est plutôt discrète, la SR donne très rapidement son lot de sensations. Avec elle, nulle envie de pousser le moteur à fond ou de tirer sur les rapports, on profite d'une impression de vitesse élevée liée à son petit gabarit, tout à fait compatible avec le vôtre, quel qu'il soit. Certes, elle n'a rien d'une 125, mais elle et fine et courte, et se fait vite oublier une fois entre les jambes. La puissance modeste, n’est pas un handicap et l’on en vient à conduire autrement, sur le couple. La SR 400 sait en tout cas créer la surprise. Voici une très bonne compagne pour le quotidien, pour peu que l'on aime les motos de petit gabarit, gaillardes et vaillantes, et que l'on soit prêt à y mettre le prix fort à l'achat : ce n'est qu'une 400 de conception ancienne, et ça vaut aujourd'hui le prix d'une 700 (au hasard la MT-07, dans la même boutique...). Un peu cher, mais il est paraît-il des plaisirs qui n'ont pas de prix. Nostalgie quand tu nous tiens...

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